Les infections bactériennes résistantes aux antibiotiques diminuent en France, selon un rapport conjoint de Santé publique France (SPF), l'Assurance-maladie, l'Anses, l'ANSM, l'Inserm, la Direction générale de la santé, la Haute Autorité de santé et les ministères de la Santé et de la Recherche. Ce constat s'appuie plusieurs enquêtes faites sur des couples bactérie/antibiotiques considérés comme des marqueurs pertinents de la résistance aux antibiotiques.
En 2021, la mission nationale de surveillance et de prévention de la résistance aux antibiotiques a réalisé 578 731 antibiogrammes sur des souches d'Escherichia Coli. Cela a permis de constater que la résistance aux céphalosporines de 3e génération diminue depuis 2015. La résistance aux fluoroquinolones, quant à elle, augmente depuis 2019, après une période de légère baisse de 2013 à 2018. Selon les 28 081 antibiogrammes réalisés à partir de prélèvements urinaires chez des résidents d'Ehpad, la résistance des E. Coli aux céphalosporines de 3e génération est plus élevée que celle des personnes âgées vivant à domicile. Elle est de plus très fluctuante depuis 2011 : en 2021, elle était plus faible qu'en 2020 mais plus élevée que 10 ans auparavant.
La mission nationale Spare, qui assure la surveillance de la résistance bactérienne aux antibiotiques en établissements de santé, constate une augmentation de l'incidence des infections par des entérobactéries productrices de bêtalactamase. Cette dernière a plus que doublé entre 2008 et 2016 (jusqu'à 71 cas pour 100 000 journées d'hospitalisation) avant de diminuer progressivement à 52/100 000 en 2021. Enfin, la résistance aux céphalosporines de 3e génération chez les E. Coli lors d'infections graves diminue également depuis le pic de 2016.
Les conséquences d'une baisse de la prescription
Ces résultats peuvent être liés à un autre constat fait par SPF et rappelé dans le rapport : le fléchissement des prescriptions d'antibiotiques en santé humaine.
Entre 2011 et 2019, le nombre de prescriptions d'antibiotiques en ville a baissé de 2,4 % par an, et le nombre de doses délivrées a diminué de 0,9 % par an. Une baisse qui s'est accentuée en 2020, en partie à cause des mesures barrières consécutives à la crise Covid, avant un rééquilibrage à la hausse en 2021 (tout en restant à des niveaux inférieurs à ceux de 2019). Cette baisse ne doit pas masquer le fait que la France reste au 4e rang des plus gros consommateurs d'antibiotiques en Europe, avec globalement 21,5 doses par jour pour 1 000 habitants en 2021.
La vente d'antibiotiques en santé animale représente 91 % du tonnage vendu en France chaque année. C'est là que les plus gros progrès ont été enregistrés, largement supérieurs à ceux escomptés dans le second plan Écoantibio, avec 47 % d'exposition en moins entre 2011 et 2021. Là encore, cette baisse de la prescription s'est accompagnée d'un fléchissement de tous les indicateurs en matière de résistance aux antibiotiques en santé animale.
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