Sans doute ai-je mal lu ou mal raisonné. On entend ou on lit que le sars cov 2 ne se transmet pas dans l’air, mais qu’il est excrété par les gouttelettes accompagnant toux ou éternuements ou les postillons et qu’on se contamine soit en recevant directement ces gouttelettes, soit en les transportant par les mains (gantées ou non) depuis une surface contaminée sur nos muqueuses nasales, conjonctivales ou buccales.
Parallèlement on entend ou lit que des masques FFP2 périmés risquent de ne pas protéger parce que les mailles entre leurs microfibres risquent de s’être relâchées et ainsi ménager des espaces plus grands que la taille du virus. Naïvement, j’ai tendance à penser que tout ce qui arrête les gouttelettes arrête le virus et donc que, tant qu’on n’a pas assez de masques à usage unique, mieux vaut porter un masque en tissu (régulièrement lavé), plutôt que rien.
Des médias ont relaté des cas de personnes symptomatiques ayant eu un ou deux prélèvements naso-pharyngés négatifs, avant d’en avoir finalement un positif. Problème lié à des variations de cinétique d’excrétion du virus ? Problème de qualité-fiabilité du réactif ? Ou problème lié à la technique du prélèvement ?
Sait-on si, dans un prélèvement naso-pharyngé, le virus est dans la phase aqueuse de l’écoulement naso-pharyngé ou seulement dans les cellules épithéliales desquamées ? Si c’est le deuxième cas, si le nez coule beaucoup et que le préleveur frotte très peu avec l’écouvillon pour n’être pas trop désagréable, on pourrait imaginer que le prélèvement comporte peu ou pas de cellules et soit faussement négatif de ce fait.
Depuis quelques jours, on parle beaucoup des taux d’anticorps spécifiques et de la protection par eux conférée. En première analyse, c’est vrai. Mais l’exemple d’autres maladies infectieuses incite à la réflexion. Bien sûr les mycobactéries sont très différentes des virus mais les relations entre portage, symptômes et immunité humorale et cellulaire dans la lèpre ou la tuberculose sont bien complexes.
Pour revenir dans le monde des virus, pour estimer la protection conférée par la maladie sauvage ou la vaccination dans la rougeole, on dose les anticorps (techniquement, on sait bien faire) et pourtant, sauf erreur de ma part, les enfants ayant un déficit congénital de l’immunité humorale ne meurent pas de la rougeole contrairement à ceux qui ont un déficit de l’immunité cellulaire.
Dans la grande famille des herpesvirus, après la primo-infection, on fabrique des anticorps spécifiques dosables et pourtant on continue d’être porteur et, par intermittence, excréteur du virus. Sans parler du rôle difficile à explorer mais peut-être important des Ig A secrétoires.
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