« Conduites addictives, détérioration de la santé physique et mentale, surmortalité : le chômage est source de nombreuses pathologies dont il importe de prévenir les incidences », alerte le CESE dans son avis « L’impact du chômage sur les personnes et leur entourage : mieux prévenir et accompagner ».
Selon ses auteurs, 10 000 à 14 000 décès par an lui sont imputables du fait de l’augmentation de certaines pathologies, notamment les maladies cardiovasculaires et cancers. Il multiplie le risque de connaître un épisode dépressif chez 24 % des hommes et 26 % des femmes. Une progression de 10 % du taux de chômage se traduit par une augmentation de 1,5 % du taux de suicide. À travers ce texte, adopté à l'unanimité le 10 mai, le CESE formule un ensemble de recommandations concrètes pour attirer l’attention de tous les acteurs et décideurs et « mieux accompagner les personnes pendant le temps qui les sépare d’un retour à emploi ».
Pour une prise en charge physique et psychologique
Le chômage est la première préoccupation des Français mais le traumatisme qu’il entraîne et ses conséquences sociales et sanitaires restent encore trop méconnues, estiment les auteurs. Il touche désormais 10,6 % de la population active, alors que 5,4 millions de personnes alternent chômage et emploi précaire. Au choc de la perte d'emploi s’ajoute la précarité financière. Car si l’indemnisation joue un rôle d’amortisseur de la baisse des revenus, 40 % des chômeurs ne la perçoivent pas et la moitié d’entre eux touchent moins de 500 euros par mois (chiffres 2014) rapporte le CESE, précisant que le non-recours à leurs droits à prestations sociales est un phénomène très marqué chez les personnes au chômage.
Face à ce constat, le CESE préconise « l’impulsion d’une politique publique adaptée et coordonnée » et appelle à la mobilisation de l'ensemble des acteurs de la santé pour « développer une prise en charge préventive au plan psychique et physique » des personnes au chômage. Il propose entre autres mesures la réalisation d'un bilan médical dès le premier entretien avec le conseiller Pôle emploi, un repérage précoce des situations de fragilité grâce à une meilleure prise en compte de cette dimension dans la formation des professionnels du travail social et de Pôle emploi, et insiste sur l'importance d'une « plus grande mobilisation des centres d’examen de santé (CES) de la branche Assurance-maladie de la Sécurité sociale afin de favoriser la prise en charge préventive consécutive à la perte d’emploi ».
Évaluer les coûts indirects pour réinvestir dans la prévention
Ayant trait au financement, le CESE recommande une évaluation des coûts indirects du chômage pour l’Assurance-maladie afin de réinvestir dans la réparation et dans la prévention de ses conséquences sanitaires, arguant que « l’augmentation des maladies et pathologies liées au chômage, au stress et à la crainte de perdre son emploi représente autant de coûts indirects qui provoquent une explosion des dépenses de santé ». Le CESE suggère dans cette idée d'engager une réflexion sur l’organisation de la couverture de l’ensemble de la population active par le système de santé au travail et d'associer plus étroitement le régime social des indépendants (RSI) et les caisses d’Assurance-maladie pour un meilleur suivi des travailleurs indépendants ayant involontairement cessé leur activité.
Déterminer les facteurs de risque et lutter contre la discrimination
Le CESE recommande que soient diligentées des études épidémiologiques ciblées sur la population des chômeurs pour mieux cerner les facteurs de risque et l'instauration de dispositifs d’écoute offrant aux personnes inscrites à Pôle emploi la possibilité d’accéder à un soutien psychologique.
L'avis du Conseil insiste en outre sur la nécessité de renforcer le caractère global de l'accompagnement des personnes en situation de chômage, considérant la vie de famille comme l’une des « victimes collatérales » de cette situation qui justifient la conduite d’études sociologiques et statistiques afin de mettre en place des dispositifs préventifs (soutien à la conjugalité et à la parentalité…). Il préconise, du reste, « la reconnaissance de la précarité sociale comme un facteur de discrimination au titre des critères de discrimination prohibés par la loi » et la mise en place d'une campagne d’information et de sensibilisation pour contribuer à restaurer l’image des chômeurs.
« Prévenir les conséquences sociales les plus dévastatrices pour les personnes au chômage et leur entourage suppose de lutter contre une stigmatisation qui nuit à l’exercice légitime de leurs droits, à l’image qu’ils ou elles ont d’eux elles-mêmes et in fine à leur réinsertion même sur le marché du travail », souligne le rapporteur de cet avis, Jacqueline Farache (CGT).
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