Bien sûr, il faut des mesures de confinement et d'espacement social ; bien sûr il faut éviter les regroupements sur la voie publique et ailleurs… Mais il faut aussi penser qu'on n'en sortira pas en trois jours.
J’ai déjà vu un reportage sur l'inquiétude à propos des femmes battues. Pensons aux gens qui vivent dans un studio de 15 m² ou à six dans un T3 en HLM… Comment vont-ils tenir psychologiquement ? Il y aura des violences et des dépressions, peut-être des suicides…
Pourquoi supprimer les marchés alors que les rues et les places sont vides, permettant un espacement des stands et des clients, qu'ils assurent un approvisionnement direct en produits français ? Est-ce que c'est mieux d'envoyer tout le monde dans des supermarchés fermés, qui sont au bout d'une longue chaîne logistique et où tout le monde peut toucher les mêmes produits ?
Ce matin, mon mécanicien horticole m'a appelé pour me livrer un motoculteur réparé et me prendre ma tondeuse, tout cela en plein air, sans aucune nécessité de contact entre nous. Nous avions simplement convenu d'un lieu de dépose. Bien sûr, il faut canaliser les déplacements pour éviter les contacts à moins de 2 ou 3 ou 5 ou 10 mètres. Bien sûr, il faut verbaliser sévèrement ceux qui font n'importe quoi. Mais ne peut-on pas le faire intelligemment ? Par exemple, avec des plots ou des barrières placés sur la voie publique pour éviter les flux croisés. Ne peut-on pas donner les moyens à la police de concentrer ses actions sur les plus indisciplinées et en profiter pour rétablir l'ordre dans les zones de non droit ? Au lieu de crisper tout le monde comme on l'a fait en imposant le 80 km/h à tous sur les routes au lieu de cibler les chauffards ?
Qui appeler dans la réserve médicale ?
Quelle est la logique, aussi, d'inclure dans la réserve médicale des médecins retraités de plus de 60 ans alors que l'on dédaigne ouvertement les propositions de service des médecins libéraux et des cliniques privées ? Et que dire du personnel du CHU de Rennes qui travaille sans masque hors "service COVID". Une pédiatre nous a dit que des parents de nourrissons ont arrêté des patients qui venaient la voir sous prétexte que ce n'était pas une urgence. De quel droit, les policiers décident de l'urgence d'une visite chez un médecin ? Quelle est la logique d'accepter une auto-déclaration pour faire son jogging ou ses courses et d'exiger une convocation motivée pour aller chez un médecin ?
Le discours d'Edouard Philippe avant-hier m'a beaucoup déplu : dogmatique, sans imagination ni charisme. On ne répond pas aux questions en ressassant la même chose. Incapable d'assumer le scandale des pénuries de masque et de gel hydroalcoolique auxquelles notre administration n'a pas su remédier depuis la déclaration de l'épidémie en décembre (déjà près de 4 mois), au lieu de coordonner utilement l'ensemble des ressources nationales, d'imaginer avec les professionnels des solutions innovantes pour protéger les soignants et s'inscrire dans la durée.
À titre personnel, je n'ai plus de contact physique avec mes patients, mais ma secrétaire les appelle un par un, les invitant à nous adresser un mail sur une boîte créée pour cela. Et j'essaie de rassembler les informations et les expériences utiles sur le site syndicatavenirspe.fr ouvert à tous. Bon courage et merci à tous les médias qui nous informent et nous permettent de s'exprimer.
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