Si le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 est redouté pour la pneumonie sévère liée à la maladie infectieuse Covid-19, il est susceptible de toucher d’autres organes du système cardiovasculaire, digestif ou urinaire, via un passage dans la circulation générale.
En théorie, toute cellule portant le récepteur ACE2 (angiotensin-converting enzyme 2) serait susceptible d’être infectée par le SARS-CoV-2, puisque ce récepteur permet au virus de se fixer et d’entrer dans la cellule. Or, quel est le tissu exprimant le plus ce récepteur ? Ce sont les testicules : les spermatogonies, les cellules de Leydig et les cellules de Sertoli expriment toutes l’ACE2. Le nouveau coronavirus pourrait-il dès lors affecter la fonction testiculaire, comme cela peut être le cas pour une large gamme d'autres virus (oreillons, VIH, SARS-CoV) ?
Ratio testostérone/LH
Pour élucider cette question, une équipe dirigée par le Dr Yuanzhen Zhang et le Dr Ming Zhang de l’hôpital universitaire de Zhongnan à Wuhan a réalisé une petite étude rétrospective chez 81 hommes âgés de 20 à 54 ans (38 ans en moyenne), hospitalisés pour une infection Covid-19 modérée. Les scientifiques ont comparé leurs dosages hormonaux sanguins à ceux d’un groupe témoin de 100 hommes en bonne santé, appariés pour l’âge. Leur étude est disponible sur la plateforme de prépublication medRxiv.
En comparaison du groupe témoin, les hommes atteints de Covid-19 montrent un taux plasmatique significativement accru de LH, avec un taux plasmatique normal de testostérone mais un rapport testostérone/LH significativement réduit, près de la moitié du ratio normal. Ceci suggère, pour les auteurs, un stade précoce d’hypogonadisme primitif. En effet, au stade précoce, une production testiculaire anormale de testostérone peut stimuler la libération de LH pour maintenir temporairement le taux de testostérone (feed-back négatif).
Il reste désormais à savoir si l’hypogonadisme persiste. « Puisque la moitié des hommes infectés par le Covid-19 sont en âge de procréer, une plus grande attention devrait être accordée aux effets du SARS-CoV-2 sur le système reproducteur », soulignent les auteurs. L’équipe projette de commencer une étude à long terme chez des hommes atteints de Covid-19, selon un article du journal « South China Morning Post » de Hong Kong.
L. Ma et al., medRxiv, 10.1101/2020.03.21.20037267, 2020
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