Les patients ayant une comorbidité cardio-vasculaire sont plus à la fois plus à risque d'infection Covid-19 et d'en développer des formes graves : en Chine, plus d'un cas confirmé sur 10 (12,5 %) avait une pathologie préexistante cardio-vasculaire, la mortalité par l'infection s'est révélée près de 10 fois plus élevée dans cette population par rapport aux sujets sains (10,5 % versus 0,9 %), rapportent deux cardiologues de Pékin dans le « JAMA cardiology ».
Pour les Drs Zening Jin et Chengzhi Yang : « Il est bien connu que les infections pulmonaires peuvent décompenser les maladies cardiaques, comme l'insuffisance cardiaque et les coronaropathies. Ensuite, la détérioration des pathologies cardiaques semble exacerber, en retour, la prise en charge du Covid-19. »
Les arythmies, une complication spécifique liée au virus
Les auteurs déplorent à ce sujet le manque de données cliniques spécifiques par type de maladies (insuffisance cardiaque, coronaropathies, arythmies, etc.), ainsi que la difficulté à poser le diagnostic de Covid-19 chez les patients insuffisants cardiaques, la dyspnée et l'asthénie étant des signes cardinaux de l'affection.
Mais ce ne sont pas les seules observations, il semble bien y avoir des complications cardiaques propres au coronavirus : lésions aiguës cardiaques à l'ECG et à l'écho (élévation de la troponine I dans 7,2 % de cas confirmés Covid-19) mais surtout d'arythmies (16,7 %). D'ailleurs, dans l'épidémie de SRAS en 2003, une étude a observé des épisodes transitoires de tachycardie chez 71.9 % des patients atteints et de bradycardie chez 14.9 %, rappellent les cardiologues chinois. De plus, un cas clinique décrivant à l'autopsie une myocardite liée au SARS-CoV-2 suggère la possibilité de ce type de complications.
Quid des IEC et des ARA2 ? Poursuivre le traitement, répond l'ESC
Les médecins de Pékin ne passent pas sous silence le débat médiatique autour des possibles effets des inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) et des antagonistes des récepteurs de l'angiotensine 2 (ARA2). Seraient-ils délétères en contexte de Covid-19 ? « L'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2) pourrait jouer deux rôles contraires chez les patients Covid-19, en particulier chez ceux ayant des comorbidités cardiovasculaires », écrivent-ils.
D'un côté, le SARS-CoV et le SARS-CoV-2 partagent le même récepteur de l'hôte à l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2), ce qui pourrait avoir des effets protecteurs contre les maladies cardio-vasculaires. De l'autre, des études in vitro ont montré que le SARS-CoV-2 lié à l'ACE2 avait une affinité au récepteur 10 à 20 fois supérieure à celle du SARS-CoV, ce qui pourrait expliquer sa plus grande contagiosité et une plus grande vulnérabilité face au virus. Sans compter que des études montrent que les IEC et les ARA2 augmentent l'expression du récepteur de l'ACE2.
Alors que des études chez la souris suggèrent un rôle protecteur des IEC et des ARA2 dans le sepsis ou la pneumopathie d'inhalation, les choses ne sont pas claires. Alors que ces médicaments sont largement prescrits et que l'épidémie coronavirus en cours pourrait ne pas être la seule à l'avenir, « des essais cliniques sont nécessaires pour mieux comprendre les associations potentielles des IEC/ARA2 avec la susceptibilité et le pronostic du Covid-19 », concluent-ils.
La Société européenne de cardiologie (ESC) s'est elle aussi prononcée en ligne sur le sujet. Soulignant la possibilité d'effets positifs au cours de l'infection, la société savante tient à rappeler « l'absence de toute preuve d'effets délétères des IEC et des ARA2 dans le contexte de la pandémie de Covid-19 ». L'ESC recommande ainsi fortement « aux patients et aux médecins de continuer le traitement anti-hypertenseur habituel ».
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