L'utilisation d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) n'entraîne pas de taux plus élevés de décès ou de maladies graves chez les patients hospitalisés pour Covid-19, assure une étude observationnelle publiée dans « The Lancet Rheumatology », alors qu’un débat avait émergé, au début de la pandémie, sur un potentiel risque accru associé.
« La prise d'anti-inflammatoires (ibuprofène, cortisone…) pourrait être un facteur d'aggravation de l'infection » au Covid, avait ainsi twitté le ministre de la Santé, Olivier Véran, en mars 2020. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandait alors d’éviter la prise d’ibuprofène en automédication, mais l’Agence européenne des médicaments (EMA) ne relevait « aucune preuve scientifique établissant un lien entre l'ibuprofène et l'aggravation du Covid-19 ».
L’étude observationnelle ISARIC CCP-UK (International Severe Acute Respiratory and Emerging Infection Consortium Clinical Characterization Protocol United Kingdom) vient trancher la question. Elle a été menée sur plus de 72 000 patients atteints de Covid (56,2 % d’hommes) admis dans 255 centres de soins du Royaume-Uni entre janvier et août 2020, dont 4 211 (5,8 %) avaient pris des AINS (essentiellement de l'ibuprofène) dans les 14 jours précédant leur hospitalisation.
Des taux de mortalité similaires avec ou sans ibuprofène
Après ajustement, « l'utilisation d'AINS n'était pas associée à une mortalité hospitalière plus grave (OR de 0,95), à une hospitalisation en soins intensifs (OR de 1,01), une exigence de ventilation invasive (OR de 0,96), un besoin de ventilation non invasive (OR de 1,12), un besoin en oxygène (OR de 1) ou la survenue d'une lésion rénale aiguë (OR de 1,08) », indiquent les auteurs. La proportion de décès était ainsi similaire chez les patients ayant pris des AINS avant l’hospitalisation (30,4 %) et ceux qui n'en avaient pas pris (31,3 %).
« Nous avons maintenant des preuves claires que les AINS sont sûrs chez les patients atteints de Covid-19, ce qui devrait rassurer les cliniciens et les patients qui peuvent continuer à les utiliser de la même manière qu'avant le début de la pandémie », souligne le Pr Ewen Harrison (université d'Édimbourg), auteur principal de l'étude, dans un communiqué.
Plusieurs limites sont relevées, liées à l’absence de données sur la durée et la fréquence de la prise d’AINS avant l’hospitalisation ainsi que sur la prise d’AINS pendant l’hospitalisation. Par ailleurs, l'ibuprofène étant l'AINS le plus couramment utilisé au Royaume-Uni, les résultats pourraient différer dans les pays où d’autres AINS sont plus fréquemment utilisés, notent les auteurs.
Avec AFP
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