Les personnes âgées ayant déjà contracté le Covid-19 semblent suffisamment protégées contre la réinfection après une seule injection du vaccin Pfizer BioNTech, révèle une lettre de recherche publiée dans le « JAMA ». « Si cette analyse est admise dans la population générale, aucune donnée n’était disponible jusqu’ici dans cette population. Par défaut, les personnes âgées sont considérées comme fragiles et possiblement défaillantes sur le plan immunitaire », explique le Pr Hubert Blain, chef du pôle gériatrie au CHU de Montpellier et coauteur de cette lettre.
Ainsi, par prudence, et bien que la Haute Autorité de santé (HAS) considère qu’une injection suffit chez les personnes non immunodéprimées ayant déjà été infectées, les résidents d’Ehpad ayant déjà contracté la maladie se voient administrer deux doses de vaccin alors qu’une seule dose pourrait suffire au regard des résultats constatés par l’équipe du Pr Blain.
Un Covid huit à 10 mois avant
« Nous avons mené une étude auprès de 102 résidents d’Ehpad, explique le Pr Hubert Blain. Ils sont en moyenne âgés d’un peu plus de 83 ans et vivent dans des établissements ayant été des foyers d’épidémie entre mars et mai 2020. Selon nos observations, pour ceux ayant déjà contracté le Covid-19 de huit à 10 mois avant la vaccination, la réponse immunitaire, après une première injection en janvier 2021, est excellente pour la plupart ». Conscient que le nombre de patients étudiés est modeste, le praticien hospitalier poursuit actuellement ses travaux sur un échantillon plus large.
Sur le plan méthodologique, le Pr Blain a proposé à des Ehpad confrontés à une épidémie lors de la première vague, et dont les résidents ont bénéficié de RT-PCR et de sérologies pour contrôler l’épidémie, d'évaluer le taux d’anticorps chez leurs résidents trois semaines après la première injection du vaccin à ARN messager Pfizer-BioNTech. Dans leurs résultats publiés par JAMA, les auteurs notent « une différence significative de réponse immunitaire » après cette première dose, selon que les résidents ont été, ou non, malades du SARS-CoV-2. Des résultats similaires à ce qui est observé dans la population générale.
Ainsi, les 36 résidents reconnus positifs au test RT-PCR affichent un taux d’anticorps bien plus élevé que celui des résidents dont la PCR était négative, à une exception près. « Ce qui est intéressant et très encourageant, c’est de noter que les personnes âgées, même très fragiles, gardent une mémoire immunitaire de ce coronavirus huit à 10 mois après l’avoir contracté. La réponse immunitaire à la suite du vaccin est alors très forte », souligne le Pr Blain.
Éviter une surréaction immunitaire
En conclusion de son étude, le gériatre montpelliérain apporte une information suggérant d’étendre aux résidents d’Ehpad la recommandation de ne faire qu’une seule injection vaccinale chez les personnes ayant contracté le Covid-19 depuis plus de trois mois, confirmé par une PCR ou des anticorps SARS-CoV-2 anti-N (synonyme que la maladie s’est déclarée).
« Cela pourrait permettre d’éviter une surréaction immunitaire à une seconde injection chez des personnes ayant déjà des taux d’anticorps très élevés et d’économiser des doses précieuses de vaccin. Cette étude montre aussi que le taux d’anticorps après une injection est faible chez la plupart des résidents n’ayant pas contracté le Covid-19, justifiant la seconde dose vaccinale systématique », observe-t-il.
Cette seconde injection sera-t-elle suffisante chez les résidents n’ayant pas contracté la maladie pour obtenir des taux d’anticorps élevés ? « Nous sommes en train de l’étudier à l’heure où l’on recommande d’administrer une troisième dose de vaccin aux personnes immunodéprimées », répond le médecin. Selon le tableau de bord quotidien du ministère de la Santé, 98 % des résidents d’Ehpad et d’unité de soins longue durée (USLD) ont reçu une injection et 75 % une seconde.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?