La prévention demeure un parent pauvre du système de santé français.
Les actions de prévention institutionnelle et individuelle ne représenteraient au total, qu’entre 6 et 15 milliards d’euros, soit moins de 10 % des dépenses de santé, selon les estimations avancées lors d’une récente conférence organisée à Paris par la chaire transitions démographiques, transitions économiques (TDTE) et Audiens. Les mesures de prévention ciblant les actifs sont, quant à elles, encore plus faibles. Or, si les maladies infectieuses – responsables de la mortalité des jeunes en âge de travailler – ont été éradiquées, de nouvelles épidémies liées aux comportements et au mode de vie sont apparues. « En France, 20 % des personnes décédées chaque année ont moins de 65 ans. Cette surmortalité prématurée nous interpelle en termes de santé publique, mais aussi, d’économie », souligne Thomas Barnay, professeur d’économie à l’université de Rouen, chercheur associé à la chaire TDTE. Ce taux très important renvoie à de nouvelles causes de mortalité. La première cause de décès chez les hommes étant le cancer et, chez les femmes, les maladies cardiovasculaires.
Les différents plans Cancer ont permis de renforcer les moyens alloués à la prévention de cette maladie. Mais dans d’autres domaines de la santé, le financement ne semble pas être à la hauteur des défis. « Concernant la surmortalité prématurée, par exemple, un tiers des décès pourraient être évités en luttant contre certains comportements (tabagisme et alcoolisme, notamment), affirme Thomas Barnay. Selon l’économiste, la dépendance à la cigarette fait des ravages en France. « Un quart des jeunes femmes sont fumeuses : il s’agit de la proportion la plus élevée des pays de l’OCDE, poursuit-il. Ces données devraient inciter les pouvoirs publics à renforcer les moyens dédiés à la prévention des addictions au lieu de les diminuer. »
Cibler les entreprises
La prévention santé devrait également être renforcée dans le milieu professionnel. Les Français associent beaucoup plus souvent que les autres leur métier à une santé dégradée, selon les enquêtes sur les conditions de travail. « Nos travaux confirment, par ailleurs, qu’une personne confrontée à un cancer perd en employabilité mais que le dépistage précoce facilite son retour au travail », souligne Thomas Barnay. De récentes études ont montré que les arrêts maladie, même de courte durée, fragilisent la trajectoire professionnelle future. « Il est, ainsi, essentiel d’investir dans une prévention efficiente ciblant les comportements à risque des actifs, dès le début de la carrière. Mais aussi, d’aménager les postes de travail, si nécessaire », ajoute le professeur d’économie. Le rôle des entreprises sur ces questions est essentiel. La réussite du système de santé et des actions de prévention doit, par ailleurs, passer par un partenariat public/privé. « De fait, aujourd’hui, 5 % des Français n’ont pas de complémentaire santé. La montée en charge des complémentaires dans l’entreprise – et les actions de sensibilisation en santé menées dans le cadre professionnel – sont des leviers importants d’amélioration de la santé des actifs », conclut Thomas Barnay.
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