Sylvie, 35 ans, souffre de troubles obsessionnels compulsifs depuis avril 2011. Ses TOC, sont apparus en 15 jours, lors de son 4e mois de grossesse. Elle explique : « alors que je n’étais pas une maniaque de la propreté, il fallait tout d’un coup que tout ce que je portais à la bouche soit extrêmement propre. Je relavais toute la vaisselle plusieurs fois avant de l’utiliser et l’examinais avec attention, à l’affût de la moindre tache. Puis ce fut la nourriture : je considérais désormais avec suspicion tout ce que je mangeais. J’avais peur que ce que j’ingère nuise à mon bébé. Les lavages de main se faisaient 50 fois par jour, plus si on m’interrompait. Mes proches étaient désemparés et moi, j’avais l’impression de devenir folle ».
Orientée en thérapie comportementale et cognitive (TCC), Sylvie apprend son diagnostic et intègre les techniques de déconditionnement nécessaire à son amélioration. À la naissance de son enfant, ses TOC s’accentuent, puis prennent un caractère sexuel ; il devient possible que les gens dans la rue, la touchent sexuellement ou qu’elle soit capable de les toucher sans qu’elle s’en rende compte. Elle s’arrête de travailler pour être hospitalisée 3 mois pour une TCC intensive et l’utilisation d’inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS). La thérapie est intensive, les expositions brutales. Son toc est résistant.
En mai 2015 elle est hospitalisée pour la réalisation de stimulation magnétique transcrânienne répétée (rTMS). Elle explique elle-même le résultat : « l’amélioration fut spectaculaire et se confirma à ma sortie d’hôpital. Je retrouvai en partie la liberté et la sérénité que j’avais perdue depuis longues années. Je respirai enfin ».
Sylvie reconnaît aujourd’hui qu’il persiste des symptômes, mais leur intensité, leur fréquence, la gêne sociale que ces TOC généraient ont diminué d’environ 80 % lorsqu’on l’évalue à l’aide d’une échelle de quantification des TOC.
2 % de la population
Les TOC touchent près de 2 % des personnes au sein de la population générale. L’hyperactivité métabolique du cortex orbitofrontal (COF) [1] ayant été largement observée à l’aide des techniques de neuroimagerie (PET scan et IRM fonctionnelle), il est apparu logique de vouloir atteindre cette partie du versant superficiel du cerveau. La rTMS consiste à appliquer un champ électromagnétique à faible fréquence à l’aide d’une bobine capable d’atteindre le COF. Son utilisation en pratique montre des résultats chez au moins 60 % des patients stimulés (2).
Les personnes dont les TOC sont très sévères et résistants peuvent se voir aussi proposer une intervention chirurgicale par stimulation cérébrale à haute fréquence (3). Le noyau sub-thalamique, ou le striatum ventral est proposé comme les cibles neurochirurgicales. Les risques d’hémorragie ou d’infection, évalués chacun à 1 %, doivent conduire à la prudence vis-à-vis d’une telle indication qui est donc proposée actuellement uniquement dans le cadre d’essais expérimentaux.
La durée de l’effet de ces techniques de stimulation cérébrale, leur capacité à potentialiser la TCC ou les médicaments IRS restent encore à explorer. Ces techniques constituent un enjeu thérapeutique pour des patients souvent désemparés par cette maladie, prêtant à sourire pour l’observateur extérieur, mais extrêmement invalidante pour ceux qui la subissent.
(1) Millet B, Dondaine T, Reymann JM et al. PLoS One. 2013;8(1):e53241
(2) Nauczyciel C, Douabin S, Naudet F et al. Transl Psychiatry 2014 Sep 9;4:e436
(3) Alonso P, Cuadras D, Gabriëls L, et al. PLoS One. 2015 Jul 24;10(7):e0133591
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