Pour la première fois, l'ONG Alima a utilisé les chambres d'urgence biosécurisée, ou « CUBE », qu'elle a conçu dans le cadre d'une épidémie à virus Ebola. De retour de République Démocratique du Congo, son co concepteur Eric Barte de Saint Fare explqiue au « Quotidien » cette tente en plastique de moins de 10 m2 soutenue par des armatures extérieures en inox contribue à rendre la réponse internationale aux urgences sanitaires plus agile et mieux acceptées par les communautés locales.
Des soins invasifs sans entrer dans la chambre
« Jusqu’à présent, les centres de traitement reposaient sur le concept de zones strictement délimitées entre soignants et patients, explique Eric Barte de Saint Fare. L'accès et les actes médicaux invasifs nécessitent que le soignant s'équipe intégralement. Dans ces conditions, il est impossible d'assurer un suivi correct, avec une visite toutes les 4 heures, à moins de recruter tous les médecins de la zone ! »
Chaque CUBE dispose d'un lit, d'un set complet d'équipement de monitoring, d'un système de décontamination, de pousse-seringues, d'une oxygénothérapie complète et d'une climatisation. Le principal avantage technique du dispositif réside dans les 2 demi-combinaisons, intégrées aux parois transparentes. Grâce à elle, le soignant peut pratiquer des soins invasifs sans passer par une laborieuse phase d'équipement. Chaque semi-combinaison est flanquée de 2 paires de manchons étanches, afin de transmettre du matériel au soignant. Les concepteurs du CUBE ont favorisé des protocoles secs pour limiter les échanges de fluides : linges imprégnés de solution hydroalcoolique pour l'hygiène du patient, décontamination des surfaces sans solutions chlorées, etc.
Rassurer les corps et les cœurs
Avec la possibilité offerte d'assurer des soins depuis l'extérieur de la « chambre » du malade, les équipes d'Alima économisent du temps et des moyens. « Pour 5 cas, on devait utiliser 200 staffs dans les centres de Guinée en 2014, en RDC il ne nous en fallait que 30 », résume Eric Barte de Saint Fare. Autre avantage : le patient peut communiquer avec l'extérieur, ce qui facilite le suivi psychologique, le contact permanent avec la famille. Ce qui est bénéfique pour l'adhésion du patient et réduit le risque de voir des cas suspects refuser d'entrer en isolement.
Depuis le début de l'année, une première chambre est expérimentée au Nigeria, dans le cadre d'une épidémie de Lassa, pathologie qui réclame un niveau d’expérimentation moindre qu'une fièvre hémorragique comme Ebola ou Crimée Congo. « On peut cependant en avoir besoin pour des actes invasifs impliquant beaucoup de fluides, comme un accouchement », ajoute Eric Barte de Saint Fare.
Utilisable 6 fois
Un CUBE est stocké dans 6 sacs, pour un poids total de 220 kg. Alima assure pouvoir les déployer sur n'importe quel site en 2 à 3 jours, contre une trentaine pour un centre de traitement « classique ». Conçue par le fabriquant français Securotec, chaque chambre coûte 15 000 euros et est utilisable 6 fois. À titre de comparaison, le gros centre de traitement déployé par Alima en Guinée en 2014 a coûté 1 million d'euros. Le principal défi logistique reste l’électricité. Des groupes électrogènes complétés de systèmes de prises de courant et de transformateurs doivent accompagner l'ensemble.
Pour l'avenir, Eric Barte de Saint Fare envisage de nouvelles applications : « On réfléchit à l'utilisation de ces unités dans le cadre d'opérations chirurgicales. On peut obtenir un haut niveau de réanimation et combiner 2 CUBE pour dégager un plus grand espace de travail. On pourrait alors en faire usage sur les sites de catastrophes naturelles, pour avoir une capacité chirurgicale correcte. »
Une vidéo de présentation du CUBE
Sortie de l'épidémie en vue
Le 27 juin, les dernières personnes à avoir été en contact avec un cas confirmé d'infection par le virus Ebola en République Démocratique du Congo ont pu sortir de l'isolement, après que leur période d'observation de 21 jours s’est écoulée sans apparition de symptômes. Les autorités de santé sont désormais au cœur d'un compte à rebours : si au bout de 90 jours après les derniers cas suspects (soit le 25 septembre) aucun cas n'est confirmé, la fin de l'épidémie sera officiellement déclarée. Depuis le 26 juin, 13 cas suspects ont été recensés. Pour 11 d'entre eux, les résultats d'analyse sont négatifs, et l'on reste en attente des résultats pour les 2 derniers.
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