À l’issue de la consultation qui s’est tenue jeudi et vendredi à Genève, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a autorisé l’utilisation du plasma de convalescent pour traiter les malades victimes de l’épidémie qui sévit en ce moment en Afrique de l’Ouest. Elle a également annoncé la mise sur pied de deux essais de phase I des deux vaccins les plus avancés dans leur développement : ChAd-EBO et VSV-EBO.
La transfusion sanguine déjà à pied d’œuvre
« Actuellement, des transfusions sanguines faites à partir de donneurs convalescents sont déjà employées dans les centres de soins, a expliqué le Dr Marie-Paule Kieny, sous-directeur général de l’OMS. Le plasma de convalescent et la transfusion sanguine doivent être considérés comme des priorités. »
En tête des huit traitements listés par l’OMS dans le document préparatoire à la consultation, le plasma de convalescent a déjà été testé avec succès sur neuf patients en 1995 lors de l’épidémie Ebola de Kikwit, en République démocratique du Congo. Ce traitement soulève toutefois le doute chez plusieurs spécialistes.
Le ZMapp et le Favipivavir écartés pour le moment
L’OMS a estimé que l’on manquait de preuves expérimentales sur les différentes molécules expérimentales évoquées ces dernières semaines, et juge qu’elles sont soit trop peu avancées dans leur développement, soit disponibles en trop petit nombre pour être déployées à brève échéance dans le cadre d’essais thérapeutiques sur le terrain. C’est notamment le cas du célèbre cocktail de trois anticorps monoclonaux chimériques ZMapp (mis au point par Mapp Biopharmaceutical) et de l’antiviral Favipivavir (Toyama Chemical), mais aussi du BCX4430, développé par Biocryst, auquel les premières études chez les rongeurs attribuent un taux de survie de 83 à 100 %, mais qui doit encore être expérimenté chez le singe.
« Un comité va se réunir, incluant des personnels de santé locaux, pour établir des protocoles d’essais cliniques. Il s’agit de traitements très expérimentaux, il faudra donc les utiliser dans les cas graves, avec des formulaires de consentements rédigés dans toutes les langues locales », a estimé le Pr Samba Sow du centre de développement des vaccins à Bamako, au Mali.
Premières données de sécurité sur les vaccins en novembre
Autre élément important révélé à l’issue de la consultation de l’OMS : deux essais de phase I seront lancés en septembre sur les deux candidats vaccins dont le développement est le plus avancé. Le premier est basé sur le virus de la stomatite vésiculaire (VSV-EBO) et le deuxième sur l’adénovirus du chimpanzé (ChAd-EBO). Le Pr Samba Sow a annoncé que 40 volontaires maliens avaient d’ores et déjà été recrutés parmi les personnels de santé qui seront amenés à côtoyer des malades. Une autre campagne de recrutement doit avoir lieu au Royaume Uni et aux États-Unis. Des essais sur l’efficacité seront ensuite envisagés sur la base de ces premiers résultats.
Une réunion de 197 experts
La consultation organisée par l’OMS a rassemblé à Genève 197 experts. Pour la France, le Pr Jean-François Delfraisy, directeur de l’ANRS, ainsi que Dr Sylvain Baize, qui dirige le centre national de référence sur les maladies hémorragiques, et le Dr Nadia Khelef, de l’Institut Pasteur, ont fait le déplacement. Plusieurs représentants de FabEntech, laboratoire lyonnais spécialisé dans la mise au point d’immunoglobulines polyclonales destinées au traitement des maladies émergentes étaient également présents.
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