Une femme ayant survécu à l'épidémie Ebola de 2014-2015 au Liberia aurait potentiellement transmis le virus à des membres de sa famille un an après une infection aiguë, suggère une étude parue dans « The Lancet Infectious Disease ».
« La persistance du virus chez les survivants au niveau d'un certain nombre de "sanctuaires", en particulier au niveau du sperme, a déjà été démontrée », réagit auprès du « Quotidien » le Pr Éric Delaporte, médecin épidémiologiste et professeur de maladies infectieuses à l’Institut de recherche pour le développement de Montpellier. « La transmission sexuelle par un homme à distance de l'infection est également un phénomène rare, mais connu. Ici, la nouveauté serait que la transmission ait eu lieu à partir d'une femme ».
La présence du virus Ebola confirmée chez le père et ses deux fils
Alors que le Liberia a été déclaré exempt de l'épidémie depuis septembre 2015, un garçon de 15 ans a été testé positif pour le virus Ebola en novembre de la même année. Afin de déterminer l'origine de son infection, des analyses génomiques, sérologiques et épidémiologiques ont été réalisées.
La présence du virus Ebola a été confirmée chez le père du garçon et un de ses trois frères. Seul le père présentait des anticorps IgM et IgG à la sérologie, suggérant qu'il a été infecté avant ses fils. Par ailleurs, la mère présentait également un taux élevé d'anticorps, malgré l'absence d'ARN viral, en raison d'une infection potentielle au virus. Le plus jeune de la fratrie, âgé de 2 mois, présentait lui un faible taux d'IgG, certainement en raison de la transmission d'anticorps par le lait maternel. Selon les données épidémiologiques, la mère aurait survécu à une infection aiguë en juillet 2014, bien qu'aucun test n'ait confirmé sa contamination.
Les analyses génétiques du virus ont par ailleurs montré que la souche présente chez le père et ses deux fils était proche de celle à laquelle la mère aurait été exposée durant l'épidémie.
Des hypothèses à confirmer
Au vu des différentes données, les auteurs estiment qu'« il est plausible que la mère ait eu une persistance ou une recrudescence virale pendant la grossesse et l'accouchement en septembre 2015, puis soit tombée malade en octobre 2015. Elle aurait transféré des anticorps protecteurs à son nouveau-né, et transmis le virus à son mari, qui à son tour a transmis le virus à deux de leurs trois fils ».
« Cette étude est intéressante car elle met l'accent sur l'importance du suivi des survivants, mais il ne s'agit que d'hypothèses », précise le Pr Delaporte. Il poursuit : « Il manque un certain nombre d'éléments déterminants, à commencer par le fait que nous n'avons pas la souche de la mère, mais uniquement une preuve sérologique qu'elle aurait eu le virus Ebola ». Les mécanismes de transmission au sein de la famille demeurent également incertains.
« Les hypothèses avancées ouvrent des pistes de réflexion sur la contamination après une réactivation à distance et témoignent des connaissances encore incomplètes que nous avons de l'infection Ebola dans sa globalité », conclut le Pr Delaporte.
Dans un commentaire de l'étude, Lorenzo Subissi, chercheur en maladies infectieuses, s'inquiète de la stigmatisation que pourraient subir les survivants en raison de la persistance potentielle du virus Ebola dans leurs fluides corporels et estime que « la vaccination pourrait devenir une stratégie importante pour contrôler à la fois la propagation du virus Ebola et la stigmatisation qui l'entoure ».
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