Le Dr Heluwaert lance un appel : « si vous avez des patients qui un jour ont eu une hépatite C, envoyez-les à un centre qui traite l’hépatite C, vous allez les guérir ! ». En 2017 grâce aux nouveaux antiviraux directs (NAAD) et à l’accès universel au traitement, plus de 98 % des patients atteints d’hépatite C peuvent être guéris.
À la recherche des perdus de vue…
De nombreux patients dépistés porteurs de VHC ont été perdus de vue sans avoir été traités à l’époque du diagnostic (par absence de traitement, non éligibilité ou comorbidités contre-indiquant un des médicaments).
À l’hôpital d’Annecy, l’équipe du Dr Heluwaert a eu l’idée de les rechercher dans les bases de données PMSI (disponibles depuis 2008 : patients hospitalisés) et d’effectuer un croisement avec les données des laboratoires hospitaliers (pour rechercher les patients VHC+ non répertoriés en PMSI et ceux ayant consulté en « externes »). Environ 700 patients ont été identifiés. Tous ont été recontactés. Il leur était proposé de bénéficier des nouveaux traitements. « Presque tous ont répondu. Ils avaient entendu parler des nouveaux traitements mais en avaient une connaissance limitée. Ils n’avaient pas consulté par craintes (non fondées) de devoir subir une biopsie hépatique (douloureuse, risquée) et de médicaments mal supportés. Ils sont aujourd’hui guéris grâce à ces nouveaux traitements qui à raison d’un comprimé par jour pendant 8 à 12 semaines sont efficaces à 98 % et bien tolérés, sans effets secondaires », indique le Dr Heluwaert.
Le spécialiste n’oubliera jamais la reconnaissance des patients : « Ils étaient excessivement touchés qu’on ne les ait pas oubliés. Cela a été parfois compliqué, certains conjoints n’étaient pas au courant. L’hépatite C les avait salis. La guérison a eu un côté réparateur qui les a lavé et soulagé psychologiquement. Ils revivent ».
Reprendre les antécédents, interroger les patients
Et les patients non dépistés, ceux ayant eu des facteurs de risque d’hépatite C ? Ils sont souvent bien insérés. Le médecin traitant ne pense pas à leur demander si dans les années 80, ils ont eu une expérience de toxicomanie (une seule suffit), une transfusion, une chirurgie lourde, un accouchement compliqué, un emprisonnement. « C’est souvent le jeune remplaçant qui ose poser les questions, qui dépiste ! Et là, si on dépiste, on gagne ! Au regard des nombreux bilans de routine, pas tous indispensables, c’est une bonne idée de demander une fois, par exemple à 50 ans, une sérologie de l’hépatite B et de l’hépatite C », suggère le Dr Heluwaert.
Au delà d’Annecy…
Comment ne pas être interpellé par l’expérience d’Annecy ? Est-elle unique ? Dans les autres hôpitaux, les hépatologues ont-ils interrogé les bases de données (PMSI et laboratoire hospitalier) pour rechercher les patients dépistés VHC+ et perdus de vue ? En ville, chaque médecin devrait rechercher ses patients identifiés VHC+ ou ayant été à risque de contamination par le VHC, pour les adresser dans un centre qui traite l’hépatite C. L’exemple d’Annecy ne demande qu’à être suivi.
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