Ma qualité d’endocrinologue ne m’autorise certes pas à prendre position dans la tempête médiatique soulevée par l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19.
Ni infectiologue, ni épidémiologiste, c’est en qualité de co-interne de celui qui deviendra le Pr Raoult que je me permets ces quelques lignes… En souvenir de notre jeunesse et des illusions médicales qui sont les nôtres à cette période de la vie.
Tous les ingrédients étaient pourtant réunies pour que l’idée, venue de Chine, reprise par Didier Raoult puisse trouver une conclusion « propre », positive (formidable) ou négative (qu'importe) :
– La notoriété incontestable de Didier Raoult lui permettant de mettre en place très rapidement un protocole thérapeutique indiscutable sans s’attirer les foudres des commissions et comité habituel.
– Le nombre important de patients qu'apporte l’implantation dans la deuxième ville de France
– La capacité, rare dans la période, à pouvoir largement tester par PCR au sein d’un institut clinique ou biologique dont chacun s’accorde sur la fermeté de la direction faire appliquer ses directives.
Rappelons enfin que la maladie guérit spontanément dans plus de 80 % des cas. L’affirmation d’un gain thérapeutique n’en est que plus délicate ! On ne peut enfin parler ici d’urgence thérapeutique permettant de s’affranchir des règles habituelles comme cela peut être le cas, par exemple, lors de soins dit compassionnel.
La mise en place, à la phase initiale de la maladie, d’un protocole rigoureux associant hydroxychloroquine et Xitrhomax contre placebo aurait apporté rapidement une réponse solide.
Nous voilà en fin, au moins temporaire, de l’épidémie, et aucune conclusion ne peut être tirée de cet imbroglio ! Sa mise sur la place publique n’aura grandi ni les médecins, ni les médias, ni les politiques.
N’étant, je le rappelle, ni infectiologue, ni épidémiologiste et encore moi un psychiatre, je me garderai bien de toute interprétation des attitudes et déclarations de Didier Raoult, de ses défenseurs comme de ses contempteurs.
Je dis simplement : quel gâchis ! Une illusion perdue sur le microcosme médico-médiatico-politique… Pas la première… Sans doute pas la dernière !
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