Imaginons le covid-19 au Moyen-Age. Quel en aurait été l’impact ? En sachant, d’une part, que plus de 50 % des porteurs sont asymptomatiques, d’autre part, que seuls 15 % des malades présentent des formes sévères et que le virus ne concerne à 80 % que les personnes de plus de 65 ans dont la proportion est beaucoup plus faible au Moyen-Age, l’impact aurait été faible, même en ramenant l’âge de la vieillesse à 45 ans si l’on tient compte du vieillissement précoce et en considérant que l’ensemble des formes graves n’aurait probablement pas survécu à cette époque.
La surmortalité ne dépasse pas les 10 %. Une période douloureuse mais sans réel impact sur une société qui intègre complètement la mort aux grands cycles de la vie. L’épidémie, ne touchant pour ainsi dire pas les enfants, et peu les jeunes adultes, ne pèse pas sur les capacités de reproduction, ni de production. Le monde tourne comme si de rien n’était. Les travaux des champs continuent. Les artisans et commerces restent actifs. Il faut bien vivre et se nourrir.
La maladie atteint par prédilection les concentrations urbaines. Les épidémies touchent surtout les rares villes de l’époque. Peu de chance que le covid ait abouti à une défaillance économique dans un mode de vie beaucoup plus rural et quasi autarcique où la lenteur des échanges commerciaux explique le peu d’impact de variation des maladies, à l’exception notable de la diffusion hors norme de la peste de 1348-49 anéantissant le tiers de la population européenne.
Une perception différente de la maladie et de la mort
L’épidémie est fréquente, circonscrite, le plus souvent de courte durée, un fléau intégré au mode de vie. Pour s’en convaincre, il suffit de mentionner les ravages du typhus touchant les armées pendant les progressions en terrain hostile imposant promiscuité, faible hygiène et manque d’eau potable, à mettre en parallèle avec les registres des armées napoléoniennes qui de 1793 à 1815 déplorèrent plus de morts de maladies que lors de combats, se chiffrant en millions de victimes. La prédominance d’une société rurale où 90 % de la population vit en villages isolés était parfaitement cohérente avec le besoin instinctif de s’isoler pour se protéger.
Au-delà des chiffres c’est surtout la perception de la maladie qui importe au Moyen Age. Quoiqu’il arrive la vie continue. La vision de la mort est acceptée, présence crainte mais familière, parfois proche, sous son voile sombre, vous prenant par la main vers un au-delà presque banal. L’important n’est pas de mourir mais de vivre pour mourir en accord avec son idéal.
La différence peut être réduite à néant si l’on passe du quantitatif au qualitatif. Effet visible même de nos jours. Comme en 2020, la Biélorussie qui remarque simplement que les pneumonies sont plus nombreuses cette année. Le virus passe inaperçu si l’on considère que l’on meurt de complications de co-morbité. Aucun mort du covid officiellement selon Lukashenko.
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EXERGUE : A cette époque, quoiqu’il arrive la vie continue. La vision de la mort est acceptée
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