Alors que des études ont mis en évidence le rôle majeur du virus d'Epstein-Barr dans la survenue de la sclérose en plaques (SEP) ou de la maladie d’Alzheimer, des chercheurs ont exploré le lien plus global potentiel entre les expositions virales et le risque de maladies neurodégénératives en analysant des bases de données finlandaise (FinnGen) et britannique (UK Biobank).
Leurs travaux, publiés dans « Neuron », avancent ainsi plusieurs liens, l’un des plus significatifs étant entre l'encéphalite virale et la maladie d'Alzheimer : les personnes atteintes d'encéphalite étaient environ 31 fois plus susceptibles de développer la maladie d'Alzheimer plus tard dans la vie que les personnes qui n'avaient pas d'encéphalite.
En plus de la maladie d'Alzheimer, cinq maladies neurodégénératives ont été étudiées : sclérose latérale amyotrophique, démence généralisée, démence vasculaire, maladie de Parkinson et SEP.
22 associations significatives
Pour mettre au jour ces associations, les auteurs ont d’abord examiné les dossiers, issus de FinnGen, d'environ 35 000 personnes atteintes de maladies cérébrales et d’environ 310 000 personnes saines. De cette analyse, 45 associations significatives entre infections et maladies du cerveau ont été révélées. Ces liens ont ensuite été testés sur plus de 100 000 dossiers de la UK Biobank, confirmant 22 appariements significatifs. Pour valider le modèle, le lien entre Epstein-Barr et sclérose en plaques a été reproduit.
Au-delà de l’association entre l'encéphalite virale et la maladie d'Alzheimer, d’autres, plus modestes, ont également été révélées. La grippe avec pneumonie était par exemple significativement associée à cinq des six maladies étudiées. Et, un épisode de grippe avec pneumonie était associé à une multiplication par quatre du risque d'Alzheimer. L'herpès a aussi un lien avec la survenue de la maladie d'Alzheimer et les verrues génitales avec la démence.
« L'écrasante majorité des associations répliquées incluent des virus communément considérés comme neurotrophiques (81 %), ce qui signifie qu'ils peuvent envahir le système nerveux central par les nerfs périphériques ou en traversant la barrière hématoencéphalique », expliquent les auteurs. Cela suggère, selon eux, que « ces virus peuvent augmenter le risque de maladies neurodégénératives en abaissant la réserve cognitive (résilience à la neurodégénérescence et capacité à effectuer des tâches mentales complexes), contribuant à l'inflammation du cerveau ».
La vaccination antivirale comme prévention des maladies neurodégénératives
Les auteurs ont également observé que plus le temps s'écoulait entre l'infection et le diagnostic de maladie neurodégénérative, plus le lien était faible. Mais, certaines infections étaient associées à un risque accru de neurodégénérescence jusqu'à 15 ans après l'infection.
L’étude, focalisée sur des dossiers médicaux européens, n’a pas permis d’évaluer les associations potentielles entre les maladies neurodégénératives et les virus répandus dans d’autres régions du monde, comme le Zika ou le virus du Nil occidental. Autre limite, les dossiers médicaux utilisés ne mentionnaient que les infections virales ayant donné lieu à une prise en charge médicale, de sorte que la prise en compte d'infections plus bénignes pourrait affaiblir les associations.
Ces résultats invitent, selon les auteurs, à encourager des recherches sur le rôle que pourrait jouer la vaccination ou l’utilisation d’antiviraux dans la prévention des maladies neurodégénératives.
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