Les antibiotiques, c'est pas automatique ? La consommation d'antibiotiques repart à la hausse en France. En 2022, en secteur de ville, leur prescription a augmenté de 16,6 % par rapport à 2021 et leur consommation de 14 %, selon les données publiées en novembre par Santé publique France (SPF). Ainsi, plus de 800 prescriptions d’antibiotiques pour 1 000 habitants ont été réalisées au cours de l’année (hors hospitalisation). « Les niveaux observés restent toutefois légèrement inférieurs à 2019 », nuance le rapport de Santé publique France.
Depuis 2012, le nombre de prescriptions et la consommation d'antibiotiques à usage systémique ont diminué progressivement jusqu'en 2020, où une très forte baisse avait été observée. En effet, « les deux périodes de confinement ainsi que les gestes barrières ont contribué à une fréquence moindre de certaines maladies infectieuses (hors Covid-19) », décrit le rapport, notant également la difficulté d'accès aux soins durant cette période qui a pu conduire certains patients à ne pas consulter. En 2021, la consommation avait réaugmenté d'environ 5 %. La fin des mesures de gestion de la crise sanitaire s'est ensuite traduite par une forte hausse observée en 2022.
Focus sur les enfants
Le rapport souligne en particulier une augmentation de la consommation d'antibiotiques chez les enfants de 0 à 4 ans l'an dernier, qui dépasse celle de la période pré-Covid. « De surcroît, c'est dans cette classe d'âge que les prescriptions d'antibiotiques sont les plus élevées », est-il précisé.
Il est également noté une « reprise de très grande ampleur des consommations en 2022 (+ 41,8 % par rapport à 2021) chez les enfants de 5 à 14 ans », qui atteint les niveaux observés en 2019. SPF met en rapport une recrudescence des bronchiolites chez les jeunes enfants en 2022-2023 mais aussi certaines infections invasives à Streptocoque du groupe A qui ont principalement concerné des enfants de moins de 10 ans.
Lutter contre l'antibiorésistance
Face à ces chiffres, Santé publique France rediffusera la campagne « Les antibiotiques, bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser » à partir du 1er décembre. En effet, ces médicaments ne sont efficaces qu'en cas d'infections bactériennes et n'ont donc aucun effet en cas d'infections provoquées par un virus telles qu'un rhume ou une grippe. Pire, leur surconsommation ou leur mauvaise utilisation est à l'origine d'une hausse inquiétante de l'antibiorésistance.
Or ce phénomène peut mener à des impasses thérapeutiques particulièrement préoccupantes. « La reprise des prescriptions concerne particulièrement l’amoxicilline : + 22 % », alerte notamment Santé publique France, en notant également une hausse de 17,8 % des prescriptions de l'association amoxicilline/acide clavulanique et une hausse de 21,4 % pour les céphalosporines, « deux antibiotiques fortement générateurs de résistances ».
Réduire la consommation, un objectif européen et national
Le ministère de la Santé a inscrit dans la stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l'antibiorésistance, un objectif de réduction de la consommation d'antibiotiques de 25 % d'ici à 2025.
D'autre part, dans le cadre du renforcement des actions de l'Union européenne visant à lutter contre la résistance aux antimicrobiens, le Conseil de l'Europe a émis ses recommandations pour chaque pays. En France, il préconise un objectif de réduction de 27 % de la consommation totale d’antibiotiques dans les milieux extrahospitalier et hospitalier combinés, y compris dans les établissements de soins de longue durée, par rapport à l'année 2019. Un départ pas très bien engagé que les autorités sanitaires comptent redresser.
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