Le recueil de l’information sur le Covid sous le secret médical, est capital pour gagner la guerre. La gestion de cette pandémie est malheureusement gérée par l’obsession de la tension des services de réanimation de l’hôpital public. On en oublierait que cette guerre se gagnera sur le terrain, au plus près de la population ! Car il faut diagnostiquer en amont, isoler, confiner et répertorier les cas.
Qui est le mieux placé pour cela, sinon les professionnels de santé Libéraux, médecins, infirmières, pharmaciens, disséminés sur tout le territoire au plus près de la population. Ils connaissent les familles, les habitudes et conditions de vie de chacun de leurs patients. Ils ont démontré, en payant un lourd tribut, qu’ils ne rechignaient pas à combattre ce virus et cela dans les pires conditions.
Leur donne-t-on ce rôle de premier recours ? Se donnent-ils tous les moyens ? On leur propose maintenant de transmettre les informations Covid des patients à l’assurance maladie ?
Dans son point presse quotidien, le Pr Salomon a affirmé qu’il prenait en compte les chiffres des hôpitaux et le ressenti (!) des médecins libéraux. Ce terme devrait faire prendre conscience aux libéraux, que s’ils veulent être des acteurs majeurs de ce déconfinement, ils doivent apporter, au même titre que l’hôpital, les informations à l’État pour gérer cette crise.
Ils en ont les moyens. Lorsque nous avons imaginé les Unions Régionales des Médecins Libéraux, nous avons doté la profession, de par la loi, d’un outil permettant le recueil et le regroupement des informations du terrain, dans l’anonymat des données sous la garantie du secret médical.
Une vraie force épidémiologique
Situés au plus près de la population, ils ont toutes les compétences, et ils l’ont prouvé, pour faire face à cette pandémie. Mais ils doivent impérativement utiliser et développer l’outil que sont les URPS (Unions Régionales Professionnelles des Professions de Santé) qu’ils financent, pour faire enfin exister, à travers elles, une véritable force épidémiologique du système de santé publique ambulatoire.
Une profession qui ne décrit pas ce qu’elle fait n’existe pas. Elle perd une grande partie de son efficacité pour s’adapter, évoluer face à l’épidémie. Aucune guerre ne se gagne sans système d’information. Pour cela, il suffirait d’établir une fiche électronique synthétique, anonymisée pour chaque patient Covid, dont le contenu aurait été réfléchi conjointement avec l’État et la profession. Cette fiche serait transmise à un serveur national sous le contrôle des URPS, en temps réel. Elles transmettraient le bilan journalier quotidiennement à la DGS, comme le fait l’hôpital.
Cette pandémie est en train de bouleverser et de redistribuer les cartes de notre système de santé car d’autres épidémies viendront et il faudra une organisation moderne et nouvelle des acteurs. Les professionnels du premier recours doivent devenir une force qui s’approprie enfin sa mission de santé publique et prendre toute sa place dans la modernité.
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