Un virus d'origine zoonotique pourrait être la cause d'encéphalites inexpliquées en Europe centrale, selon un travail publié par les chercheurs allemands de l'hôpital universitaire de Regensburg, en Allemagne dans le « Lancet Infectious Disease ».
Les auteurs ont identifié 8 décès causés par le virus de Borna de type 1 (BoDV-1), en analysant des prélèvements de 56 patients. Les 8 patients décédés faisaient tous partie d'un sous-groupe de 28 malades dont l'encéphalite était de cause inconnue.
« L'infection par le virus de Borna doit être considérée comme une maladie grave, possiblement fatale, transmise depuis un réservoir sauvage, insiste le Pr Barbara Schmidt. Toutefois, il ne s'agit pas d'une maladie émergente, mais d'une pathologie qui n'avait encore jamais été identifiée. »
Contacté par « le Quotidien », le Pr Martin Beer, directeur de l'Institut de diagnostic en virologie Friedrich Loeffler, rappelle que la maladie de Borna a été décrite chez les chevaux « dès 1813. Le BoDV-1 a été identifié en 1935 en tant qu'agent pathogène. La transmission à l'homme n'a quant à elle est confirmée de façon non équivoque dans des publications de 2018 et 2019 ».
Les recherches des Pr Schmidt et Beer ont été entreprises à partir de 2016, motivées par le décès de 3 personnes, atteintes d'encéphalites causées par des infections par le virus de Borna. Ces 3 patients avaient chacun infectés via un don d'organe provenant du même donneur.
14 décès en 20 ans
Les 8 nouveaux cas décris dans le « Lancet Infectious Disease » portent à 14 le nombre de décès chez l'homme causés par le BoDV-1. Les patients infectés souffrent de fièvre, de maux de tête, et sont confus. Dans un deuxième temps, les patients développent des troubles neurologiques : démarche instable, pertes de mémoires, crise d'épilepsie et des pertes progressives de conscience.
Pour les chercheurs, il est possible qu'une part significative des encéphalites non expliquées en Europe centrale soit causée par le BoDV-1. Ils estiment donc que les médecins devraient plus souvent rechercher ce virus chez les patients atteints d'encéphalites. « Tous les cas connus ont été répertoriés en Bavière, dans le sud de l'Allemagne, nous précise le Pr Beer. Cependant, aucune recherche systématique du virus n'a été faite. »
La ribavirine et le favipiravir, des candidats au traitement
Il n'existe à ce jour pas de traitement spécifiquement validé contre l'infection par le BoDV-1. Cependant, si tous les patients décrits dans l'étude des Pr Schmidt et Beer sont décédés, l'un des patients infectés suite à une transplantation hépatique décrit dans le « New England Journal of Medicine » a survécu avec des séquelles neurologiques.
« Il a été traité par la ribavirine, un traitement ancien mais efficace contre les virus à ARN, explique le Pr Beer. On ne sait pas s’il doit sa survie à cette molécule, mais la ribavirine a donné des bons résultats lors d'expérimentations sur des cultures cellulaires, de même que le favipiravir. »
Le cheval n'est pas un cul-de-sac
Originellement, le virus de la maladie de Borna réside dans les musaraignes à dents blanches (Crocidura leucodon), retrouvée en Allemagne, Autriche et au Lichtenstein. « La musaraigne est une porteuse saine, mais elle transmet le virus par la salive, les urines et les selles, ajoute le Pr Beer. En revanche, les cas chez les chevaux et les moutons, longtemps considérés à tort comme des hôtes cul-de-sac, et chez l'homme, sont sévères, et la plupart du temps fatals. »
Les auteurs ont analysé les données de 14 cas d'infections par le BoDV-1 documentés et n'ont pas relevé d'information en faveur d'une transmission directe du virus depuis une musaraigne. En revanche, ces patients étaient en contact avec des animaux, vivaient dans des zones rurales, ou exerçaient un métier dans le domaine agricole. Les auteurs précisent qu'il n'y avait aucune séquence ADN commune entre les différentes souches de virus retrouvées chez ces patients, ce qui laisse supposer qu'il s'agissait de transmissions indépendantes depuis les réservoirs animaux.
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