Depuis 1980, la mortalité cardiovasculaire a reculé de 56 % grâce au progrès de la prévention et aux améliorations thérapeutiques considérables du traitement des maladies cardio-vasculaires. Ces progrès sont plus particulièrement notables dans le cas de la prise en charge de l’infarctus du myocarde (1).
Certes, les syndromes coronaires aigus restent une cause importante de morbi-mortalité. En effet, les décès attribuables aux cardiopathies ischémiques représentent actuellement en France la deuxième cause de mortalité après les cancers de la plèvre, de la trachée, du larynx ou des poumons. Leur nombre est de plus vraisemblablement sous-estimé par les statistiques nationales du fait des nombreux cas de mort subite dont l’origine coronaire n’est pas identifiée.
Évolution des pratiques
À la suite des enquêtes USIK 1995 et USIC 2000, la Société française de cardiologie a mis en place en 2005 le programme quinquennal FAST-MI dans lequel les données concernant les patients hospitalisés pour un infarctus (avec ou sans sus-décalage de ST) datant de moins de 48 heures, sont recueillies dans le plus grand nombre possible d’établissements hospitaliers publics ou privés de toute la France métropolitaine. L’initiative a été un succès et sa représentativité est excellente.
Les 4 registres ont permis de constater l’évolution du profil des patients, des pratiques et des complications sur une période de 15 ans, entre 1995 et 2010 (2). Pendant cette période, la mortalité à 30 jours a baissé des deux-tiers chez les patients hospitalisés pour un infarctus du myocarde en France, passant de 13,7 % en 1995 à 4,4 % en 2010.
Ces bons résultats sont dus à la prévention et aux progrès des traitements, mais aussi à l’amélioration des circuits de prise en charge et à la sensibilisation du public. En effet, le comportement des malades a changé. Le délai d’appel après les premiers symptômes d’infarctus est ainsi passé de 120 à 74 minutes, reflétant probablement l’efficacité des campagnes de sensibilisation du grand public à travers les médias. L’utilisation du SAMU comme premier recours, a, par ailleurs, plus que doublé entre 2000 et 2010, passant de 23 à 49 % des patients. Le regroupement des structures hospitalières a également permis aux centres d’avoir une plus grande pratique du traitement des patients faisant un infarctus.
Prévention secondaire
En parallèle, les traitements destinés à reperméabiliser l’artère responsable de l’infarctus, angioplastie en particulier, sont de plus en plus employés et efficaces à condition de les mettre en œuvre dès les toutes premières heures de l’accident. De même, les traitements recommandés en post-infarctus sont prescrits de façon plus précoce. Ainsi, pour les statines, la prescription au cours des premières 48 heures est passée de 10 à 90 %. L’utilisation des antithrombotiques s’est également modifiée, avec le recours presque systématique aux inhibiteurs du P2Y12 en complément de l’aspirine.
Le maintien à long terme de ces bons résultats constatés durant le premier mois a été rendu possible par les progrès réalisés dans le domaine de la prévention secondaire, qui fait appel aux antiagrégants plaquettaires, et aux traitements permettant de ralentir le développement de l’athérome en abaissant le taux de LDL-cholestérol. Il convient également de citer les mesures de santé publique de lutte contre le tabagisme.
Des progrès restent à accomplir, en particulier dans la prévention de l’arrêt cardiaque par fibrillation ventriculaire, une meilleure prise en charge des facteurs de risque « classiques » et la pratique régulière d’une activité physique.
(2) Puymirat E, Simon T, Steg PG, Schiele F, Guéret P, Blanchard D, et al. Association of changes in clinical characteristics and management with improvement in survival among patients with ST-elevation myocardial infarction. JAMA 2012; 308: 998–1006.
(3) de Peretti C, Chin F, Tuppin P, Danchin N. Trends in annual incidence of hospitalized myocardial infarction in France from 2002 to 2008. Bull Epidémiol Hebd 2012; 41: 459–470.
*Liens d’intérêt : Au cours des 5 dernières années, le programme FAST-MI a été soutenu par de bourses de recherche des laboratoires Amgen, AstraZeneca, Bayer, Daiichi-Sankyo, Eli-Lilly, GSK, MSD, Novartis, et sanofi-aventis. N. Danchin a reçu des honoraires pour des conférences, des déplacements pour congrès ou des activités de conseil pour les laboratoires : Amgen, AztraZeneca, Bayer, BMS, Boehringer-Ingelheim, Daiichi-Sankyo, Eli-Lilly, GSK, MSD, Novartis, Novo-Nordisk, Pfizer, Roche, sanofi-aventis, Servier et The Medicines Company
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