De telles dispositions risquent de créer des animosités entre professionnels d’un même secteur qui n’auront pas les mêmes considérations alors qu’ils se sont tous dévoués pour assurer un service public de manière permanente. La soupape de sécurité est en train de se soulever, et les conséquences risquent d’être difficilement gérables !
Cette idée (tout à fait justifiée à mon avis) de verser une prime aux soignants est en train de mettre le feu aux poudres d’une contestation ancienne et larvée. En effet, donner son obole à Caron, c’est bien beau, encore faut-il que les conditions de travail soient satisfaisantes, et les rémunérations en adéquation avec le niveau des études et les responsabilités.
Malheureusement redonner de l’attractivité à l’hôpital n’a jamais été la priorité de nos gouvernants. Pire, ils ont assuré des nominations de sous-directeurs, et autres administratifs à tour de bras. Cette situation majore d’autant plus le déficit des centres hospitaliers, et ne donne plus la parole aux soignants. Or il ne faut pas oublier que ce ne sont pas les administratifs qui prodiguent des soins aux patients !
Aussi, sera-t-il nécessaire de changer radicalement de modèle pour nos hôpitaux si nous voulons la paix sociale ! Journalistes et économistes ont bien montré du doigt la contradiction française qui emploie un effectif d’administratifs pléthorique, bien plus important que dans les autres pays européens. En parallèle, l’hôpital fonctionne avec un matériel en quantité insuffisante, et un personnel en sous-nombre, mal rémunéré (surtout les confrères employés comme FFI).
Oubliés, les libéraux ?
Si nous voulons être fiers de notre système de santé, il faut le réformer et ne pas avoir peur de recentrer la mission des hôpitaux sur le soin. L’épisode du COVID-19 a permis de mettre en lumière le malaise des soignants des hôpitaux. Au-delà d’autres professionnels ne déméritent pas, et pourtant ils sont souvent oubliés ou déconsidérés. On oublie souvent le professionnalisme de ceux qui travaillent dans les cliniques ou les libéraux qui sont restés sur le front du Covid ; cela parfois au mépris de règles concernant leur propre protection. Pourquoi ne pas valoriser ces médecins ou infirmières qui ont également pris en charge des patients ? Nombreux sont ceux qui n’acceptent pas ce manque de reconnaissance car ils sont aussi un des maillons de notre système de santé. Sans eux, de nombreux patients n’auraient pas pu être pris en charge de manière correcte.
Malheureusement, notre Premier ministre a la mémoire défaillante. Ce manque de considération risque de générer des incompréhensions voire même des révoltes. Ne serait-il pas juste et équitable de remercier tous les professionnels sur le terrain durant cette triste période de pandémie ? De cette façon, nous pourrons avoir une plus grande cohésion entre le secteur libéral et le secteur public ; encore faut-il avoir la volonté de ne pas diviser ! En tout état de cause, l’après-COVID va être l’occasion de recentrer les débats sur les défaillances de notre système de soins.
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