La prise de doxycycline dans les 72 heures qui suivent un rapport sexuel non protégé réduit de deux tiers le risque de contracter une infection sexuellement transmissible (IST), selon l'étude Doxy-PEP publiée dans le « New England Journal of Medicine » par les Instituts nationaux de la santé américains (NIH).
Ces résultats avaient été communiqués lors de la conférence internationale Aids en juillet 2022 à Montréal. À l’époque, cela avait conduit le comité indépendant de l'essai ANRS Doxyvac à procéder à une analyse intermédiaire. Cette étude française comparait doxycycline, vaccin contre le méningocoque B et association des deux comme moyen de prévention des IST.
Il avait alors été constaté que le groupe recevant la doxycycline en post-exposition bénéficiait d'une réduction importante du risque de syphilis et de chlamydiose, et aussi, dans une moindre mesure, mais toujours de façon significative, du risque de gonococcie. Le groupe vacciné contre le méningocoque B présentait une réduction significative du risque d'infection par le gonocoque.
Ici, les chercheurs de l'université de Californie San Francisco expliquent que la prise en prophylaxie post-exposition de la doxycycline réduit de deux tiers le risque de syphilis, de gonococcie et de chlamydiose. Les 501 participants masculins de l'étude ont été recrutés dans une population à risque élevé d'IST (il s'agissait de patients infectés par le VIH ou inscrits dans un programme de prophylaxie pré-exposition dite Prep), avec comme critère de sélection le fait d'avoir eu une IST au cours de l'année écoulée.
Les deux tiers d'entre eux ont reçu pour instruction de prendre un comprimé de 200 mg de doxycycline (groupe Doxy-PEP), un antibiotique à large spectre, idéalement moins de 24 heures après un rapport sexuel non protégé, mais jamais plus de 72 heures après. Au cours du suivi, les auteurs ont relevé, chez les patients sous Prep qu'au moins une IST avait été diagnostiquée chez 10,7 % ce ceux du bras doxycycline, contre 31,9 % de ceux de l'autre bras. Chez les patients infectés par le VIH, 11,8 % de ceux du groupe doxycycline ont eu au moins une IST, contre 30,5 % de ceux du groupe standard. L'adhérence était bonne : 86,2 % des participants déclarent avoir très régulièrement utilisé la doxycycline et 71,3 % disent n'avoir jamais manqué une dose.
Plus de résistances dans le groupe Doxy-PEP
Mais l'étude n'apporte pas que des nouvelles encourageantes. Les chercheurs ont observé une augmentation des résistances à la doxycycline « qui nécessitera des investigations complémentaires ». En effet, 38,5 % des patients ayant une gonorrhée dans le groupe doxycycline présentaient une souche résistante à la tétracycline, contre 12,5 % dans le groupe contrôle. Cela suggère que la prophylaxie postexposition par doxycycline offre moins de protection en cas de résistance à la tétracycline.
De plus, les chercheurs ont découvert que la doxycycline réduisait de moitié le risque d'infection cutanée par Staphylococcus aureus. Au bout d'un an, les patients chez qui l'infection persistait étaient plus fréquemment porteurs de bactéries résistantes à la doxycycline (16 % contre 8 %). « C'est une donnée importante, dans la mesure où la doxycycline peut être utilisée pour traiter les infections de la peau et des tissus mous à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline », indiquent les auteurs.
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