En France, la PMA représente 24 000 naissances tous les ans, soit près de 3 % du total. Malgré cela, beaucoup de Français continuent d’ignorer ce que recouvre exactement la PMA en termes de pratiques cliniques réglementaires. C’est ce que révèle une enquête d’Opinion Way qui a sondé 1 000 personnes âgées de 18 ans et plus sur la demande de la clinique barcelonaise Eugin, centre spécialisé qui a réalisé l’année dernière plus de 11 000 traitements de procréation assistée.
Si la plupart des Français (86 ) déclarent avoir déjà entendu parler de PMA, 18 % avouent ne pas savoir quels types d’interventions elle recouvre. Même si l’insémination artificielle (63 %) ou les FIV (59 %) sont citées à raison, 40 % pensent que la congélation d’ovocytes est possible en France, de même que la gestation pour autrui (GPA) pour 22 % d’entre eux. Une méconnaissance du plan légal qui se confirme par le fait que 33 % des Français pensent que la PMA est possible dans leur pays pour les femmes célibataires et 31 % qu’elle est accessible aux couples d’homosexuelles.
40 % de patientes françaises dans une clinique barcelonaise
Aujourd’hui en France, 2 000 couples sont toujours en attente de dons d’ovocyte. Une file d’attente conséquente qui a poussé l’Agence de Biomédecine à lancer récemment une campagne de promotion du don. Cette situation d’engorgement associée à un cadre juridique plus contraignant que dans de nombreux autres pays européens sont les raisons principales du recours grandissant aux services d’établissements situés à l’étranger.
Le Dr Valérie Vernaeve, directrice médicale de la clinique Eugin, un centre crée en 1999 et « devenu l’un des premiers en Europe » en matière de PMA, assure que « 40 % des patientes suivies dans l’établissement sont Françaises ». Pour rappel, l’Espagne autorise la PMA à toutes les femmes en âge de procréer, indépendamment de leur état civil ou orientation sexuelle. De plus, le pays qui est déjà leader mondial des transplantations possède une culture du don très développée. On estime ainsi que 16 000 dons d’ovocyte y sont pratiqués chaque année.
Le modèle français en cause
Pour près de 8 Français sur 10, « la plus grande souplesse dans la législation » est en effet le principal avantage de la PMA à l’étranger. À l’heure où le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) vient de demander au gouvernement d’étendre la PMA à « toutes les femmes sans discrimination, qu’elles soient célibataires ou en couple avec une autre femme », le Pr Michael Grynberg, gynécologue-obstétricien à l’hôpital Jean-Verdier à Bondy (93), rappelle que « les Français sont de plus en plus au courant des possibilités offertes à l’étranger, supérieures à celles du modèle hexagonal ».
La question de la pénurie d’ovocytes est également majeure puisqu’elle « entraîne une attente d’en moyenne 3 ans, ce qui à l’âge de la plupart des patientes est souvent rédhibitoire », explique le Pr Grynberg. De fait, le sondage révèle que 38 % des Français pourraient « envisager d’avoir recours à la PMA à l’étranger en cas de problèmes d’infertilité ». Un taux qui grimpe à 55 % chez ceux qui ont déjà été concernés directement ou indirectement par la PMA. Qu’il s’agisse d’une demande sociétale non prise en compte ou d’une démarche médicale qui n’a pas abouti favorablement, les raisons de se tourner vers l’étranger sont aujourd’hui réunies pour nombre de femmes seules, de couples d’homosexuelles ou de couples hétérosexuels qui n’ont plus le temps d’attendre.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024