Créée il y a deux ans et demi pour sensibiliser le public sur l’urgence et la gravité du danger que représente la résistance aux antibiotiques, la « World Alliance Against Antibiotic Resistance », lance cette semaine une déclaration en faveur d’une action urgente. Présidée par le Dr Jean Carlet (ancien réanimateur, spécialiste des infections nosocomiales et de la résistance aux antibiotiques), l’alliance qui regroupe 700 personnes de 55 pays formule dans cette déclaration ses 10 recommandations pour préserver l’efficacité des antibiotiques et stabiliser l’écosystème bactérien. « Sans un effort collectif et rapide, certaines infections vont devenir impossibles à traiter, et certains actes (transplantations, traitements diminuant l’immunité, chirurgie lourde…) vont devenir trop risqués pour être entrepris. D’ores et déjà, certaines infections nosocomiales et de ville sont liées à des bactéries multirésistantes qui entraînent des échecs thérapeutiques », souligne l’Alliance qui rappelle les 25 000 décès en Europe et 23 000 aux États-Unis liés chaque année à l’antibiorésistance.
Un plan de lutte dans chaque pays
La première d’entre elles est de favoriser la prise de conscience de tous les acteurs, y compris le grand public, de l’intensité du danger représenté par la résistance bactérienne. L’Alliance préconise aussi d’organiser dans chaque pays un plan national de lutte contre la résistance bactérienne mais aussi de faciliter l’accès permanent aux antibiotiques essentiels et de qualité, en particulier dans les pays en voie de développement. Il s’agit aussi de surveiller la consommation des antibiotiques et leur niveau de résistance, de développer de nouveaux tests diagnostiques efficaces pour favoriser un traitement antibiotique rapide et ciblé, d’utiliser les antibiotiques avec prudence et de façon contrôlée (dans les hôpitaux, la ville, l’élevage, l’aquaculture...). De grandes campagnes d’information et d’éducation devront être relayées auprès du grand public et des professionnels de santé pour un emploi plus rationnel des antibiotiques, de même que devront être renforcés les efforts de prévention et de contrôle de la transmission bactérienne (mesures d’hygiène, d’isolement, contrôle de l’eau...). La recherche fondamentale et appliquée ainsi que le développement de nouveaux produits et de nouveaux vaccins antibactériens devra être favorisée. L’inscription du « concept d’antibiotique » au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO est l’une des mesures emblématique prônée par l’Alliance.
L’Alliance a été officiellement lancée en décembre 2011 sous le nom de ACdeBMR. Son siège social est situé en France, au sein du Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph (GHPSJ).
Pas d’antibiotiques en prévention dans les élevages, préconise l’ANSES
L’Agence française de sécurité alimentaire et sanitaire (ANSES) qui s’est autosaisi du sujet, a publié la semaine dernière un rapport intitulé « Évaluation des risques d’émergence d’antibiorésistances liées aux modes d’utilisation des antibiotiques dans le domaine de la santé animale ». L’agence préconise l’arrêt des prescriptions préventives car, souligne-t-elle, « le risque d’induire de la résistance chez les bactéries des flores commensales est présent chez tous les animaux traités, alors que le bénéfice thérapeutique est dépendant de l’élimination effective de la bactérie pathogène dont la présence n’est que suspectée ».
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