La politique de l’autruche pratiquée jusqu’à présent n’a pas été une réussite. Des mesures plus pertinentes et plus précoces auraient pu être prises depuis le début de l’année, notamment au moment où il était prévisible que le virus allait arriver sur le territoire et s’y répandre. Seule consolation, nous ne sommes pas les seuls à avoir omis de les prendre ! Mais, en voyant le mal s’étendre chez nos voisins italiens, on peut se demander au nom de quel principe nous pouvions penser que nous serions épargnés !
Autre source d’incompréhension : ce curieux numéro d’équilibriste consistant à maintenir coûte que coûte un premier tour d’élections alors qu'on commençait à prôner l’isolement et le confinement.
Les priorités ne sont pas des choix mais des chemins qu’il est impératif d’emprunter, et le plus souvent, il faut le faire sans tergiverser. Mais, l’heure n’est plus à la polémique ! Ces retards qui vont hypothéquer l’avenir, mais appartiennent déjà au passé.
Manque de conviction et erreurs de communication
Il y a plus grave : à commencer par le manque de conviction, Les discours d’hier résonnent à nos oreilles : « Nous allons faire de notre mieux pour tenter de contenir l’épidémie ; il est important que tous les malades gravement atteints n’arrivent pas en même temps dans les services de réanimation. « Nous retardons l’entrée dans le stade 3 ! Notre situation n’est pas celle de l’Italie… ».
En temps de guerre, cela aurait consisté à dire : « On va faire au mieux, essayer de contenir l’ennemi, mais sur le fond on ne se fait pas beaucoup d’illusions. » Pensez à Danton, Clémenceau, Churchill, De Gaulle ! Souvenez-vous de leurs formules célèbres. Chacun à sa manière, disant : « La bataille va être rude, mais nous allons la gagner ».
Depuis, des gens bien informés sont parvenus, Dieu merci, à convaincre nos élus qu’il devenait urgent de passer à la vitesse supérieure. Et là, prise de conscience soudaine ! Ce nouveau discours, bien que tardif pouvait sembler rassurant lors de la première annonce. Mais, aujourd’hui, chacun s’interroge : Où va-t-on et pour combien de temps ? Que penser de toutes ces mesures ? Pour quelles raisons réelles les prend-on ? Et pourquoi sont-elles aussi strictes ? Quelles seront les conséquences sanitaires, économiques ? On aimerait comprendre pour agir avec plus de conviction.
Absence d’une communication pertinente, ensuite : rien n’est en effet plus anxiogène que la méconnaissance d’une situation dans laquelle on est censé jouer un rôle. Lorsque l’on attend d’une population une réactivité exceptionnelle dans un moment particulier, on ne peut se permettre de lui tenir un discours décapité, fait seulement d’injonctions et d’interdictions.
Messieurs de la politique, on ne vous reprochera pas d’en vouloir et d’y croire. On ne vous reprochera pas d’être plus rassurants, voire plus optimiste. Les grands combats réclament de la force mais aussi et surtout de l’élan, de la conviction et une certitude de vaincre qu’il faut transmettre. On ne vous reprochera pas non plus d’être davantage pédagogues et plus proches de millions de personnes inquiètes.
Un discours comme celui-ci qui aurait pu être tenu et aurait été le bienvenu : « Ce coronavirus, nous allons le décimer. L’arrêt de cette pandémie est possible. Voici de quelle manière nous allons-nous y prendre. Mais auparavant, nous sommes convaincus qu’il est indispensable que chacun d’entre vous sache tout de ce micro-organisme, comment il vit, comment il meurt et de quelle manière nous avons décidé d’agir pour l’éradiquer. En comprenant mieux, vous saisirez que votre étroite collaboration est indispensable pour résoudre le problème de la diffusion du virus que nous devons impérativement stopper. Votre concours et uniquement votre concours nous permettra d’obtenir ce résultat. Ainsi, grâce à vous, nous pourrons raccourcir le temps de confinement qui vous est aujourd’hui imposé. Sans votre aide, nous ne réussirons pas. Avec votre aide, tout sera possible. Et ce combat, nous le gagnerons, pour notre avenir et celui de nos enfants. Nous travaillons avec les scientifiques et l’ensemble du corps médical. Ces derniers font, sur tout le territoire, un travail colossal. Votre participation sera votre manière de les remercier et de les protéger. »
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024