Courrier des lecteurs

Le Covid, avant tout une endothélite

Publié le 16/06/2020

Et s’il fallait prendre les choses à l'envers… Tout au moins c'est mon opinion et elle n'engage que moi. Je crois que le Covid-19 n'est pas directement un Syndrome Aigu Respiratoire Sévère, mais qu'il est avant tout une endothélite plus ou moins sévère. Ceci permettrait d'être en accord avec les publications récentes et avec ce que l'on commence à connaître de cette maladie.

La pénétration du virus via - ce qui semble prouvé - les récepteurs ACE-2, entraînerait une endothélite capillaire, plus ou moins sévère selon la charge virale, probablement modulée par de nombreux facteurs, génomiques, groupes sanguins, fragilité individuelle (co-morbidité)…

Dans le meilleur des cas, cette endothélite passera inaperçue et des porteurs sains, risquant de transmettre le virus. Plus souvent, l’existence de cette endothélite, entraîne des modifications de la perméabilité capillaire, favorisant la diffusion du virus, avec risque de septicémie (soit seul soit avec un autre agent infectant aggravant (prevotella ?) et surtout de micro-thromboses (voire macro-), amenant, état inflammatoire aigu, fibrose, difficultés d'oxygénation.

Dans la grande majorité des cas, cette endothélite se traduit par un syndrome aigu respiratoire sévère, ce qui est logique, puisque la principale (la seule ?) voie de contamination est représentée par les voies respiratoires (nez, gorge, bronches, poumons) avec comme conséquences, anosmie, agueusie – signes relativement précoces et relativement constants - bronchites, pneumonies etc., sans oublier que les difficultés d'oxygénation liées à l'endothélite peuvent conduire à une décompensation respiratoire brutale, décompensations contre lesquelles des organismes sujets à des perturbations de l'oxygénation (fumeurs, drépanocytose, etc.), feraient des réactions moins brutales à cette hypoxie.

Sur des sujets présentant une fragilité capillaire (obèses, sujets âgés, etc.), l'endothélite pourrait revêtir une forme plus importante, entraînant donc des complications majeures.

Dans des cas de comorbidité, de sensibilité particulière, les atteintes peuvent être retrouvées dans de nombreuses localisations et plus spécialement cœur, méninges, reins, tube digestif, peau, etc.

Il y aurait donc deux stades successifs, le stade invasif et le stade des complications : Dans le stade invasif, l'important est lié à la charge virale, qui seule ou majorée par les éléments ci-dessus va entraîner une endothélite plus ou moins sévère. Dans le stade des complications, la charge virale n'a plus grand intérêt, ce qui compte est alors la ou les localisations de ces complications.

Il est donc logique de penser que les traitements doivent être entièrement différents. Au premier stade - et c'est primordial - Lutter contre le coronavirus. Au deuxième stade, la lutte contre le virus devient secondaire (la charge virale est parfois nulle ou fortement abaissée) - l'important devient les traitements en rapport avec les organes atteints et l'hypoxie quasi constante.

À ce stade, les facteurs de gravité s'expliquent plus facilement. Deux exemples :

- L’âge en raison des comorbidités fréquentes, des défaillances du système immunitaire, du système veineux, etc.

- L’obésité, car elle peut s’accompagner de gênes respiratoires, de fragilité capillaire, d’un état inflammatoire chronique avec sécrétion de cytokines.

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Dr Jean Hauchecorne, Médecin généraliste

Source : Le Quotidien du médecin