2020 dans le rétroviseur

Le Covid, un facteur de risque d'AVC

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Publié le 29/12/2020

Parmi les patients Covid hospitalisés, un nombre non négligeable d'AVC a été observé. Les neurologues de la Fondation Rothschild rapportent des formes particulièrement sévères de la maladie.

Plus de risque qu'avec la grippe

Plus de risque qu'avec la grippe
Crédit photo : Phanie

Au-delà des complications respiratoires et cardiaques, il est rapidement apparu que le Covid-19 était également associé à des manifestations neurologiques, parmi lesquelles l'accident vasculaire cérébral (AVC).

Si, d'après le Dr Bertrand Lapergue, neurologue à l'hôpital Foch, il est connu qu'une infection peut décompenser des patients ayant un terrain athéromateux stable, une étude de cohorte rétrospective américaine (1) a montré que l'infection Covid était associée à un risque accru d'AVC par rapport à la grippe.

Chez des patients à risque

« Dans notre hôpital, nous avons constaté 8,8 % de complications neurologiques parmi nos patients Covid, avec plus de 25 % de manifestations neurovasculaires, indique le Dr Thomas de Broucker, neurologue à Saint-Denis. On peut ainsi estimer que 2 à 3 % des patients Covid hospitalisés font un AVC ». Une estimation cohérente avec les observations d'une étude italienne (2).

« Les AVC liés au Covid sont très souvent de cause "indéterminée". Il s'agit en général d'une coagulation intravasculaire, avec un thrombus, clairement lié au syndrome inflammatoire. Et il n'est pas rare qu'y soit associée une embolie pulmonaire », détaille le Dr de Broucker, selon qui « le Covid a été un élément déclencheur chez des personnes à risque d'AVC ».

Un constat partagé par le Dr Lapergue, qui rapportait en juin : « les patients ayant des comorbidités à type d'HTA, de surpoids, de diabète ou d'athérosclérose sont davantage à risque ».

Un risque de récidive élevé

Selon une équipe de l'hôpital Fondation Rothschild à Paris, l'imagerie réalisée à l'admission aux urgences a montré des AVC plus graves chez les patients Covid, avec une occlusion des gros troncs artériels (3). « Nous avons aussi vu des patients qui avaient un AVC et, simultanément, une occlusion d’une artère dans une jambe. C’est très particulier, indique le Dr Michael Obadia, neurologue, dans un communiqué de l'hôpital. Une hypothèse consiste à dire que le Covid-19 a été un facteur aggravant d'un sous-type d’AVC avec occlusion des gros vaisseaux, peut-être d’origine athéromateuse ».

Chez ces patients, la thrombolyse n'a pas fonctionné et la thrombectomie s'est révélée complexe, constate l'équipe de l'hôpital parisien. « Tout semble plus grave et se dégrader beaucoup plus vite avec le Covid-19 », note le Dr Jean-Philippe Désilles, neuroradiologue interventionnel. Le risque de récidive dans les 24 à 48 heures était par ailleurs fréquent (40 % des patients de l'hôpital, malgré une prise en charge adéquate).

Au-delà de l'infection elle-même, la crise sanitaire a bouleversé les prises en charge des patients tout-venant. À l'hôpital Fondation Rothschild par exemple, les délais entre l'identification des symptômes d'un AVC et la confirmation à l'imagerie sont passés de 115-130 minutes en 2019 à 150-170 minutes sur la période mars-avril 2020.

(1) A. Merkler et al. JAMA Neurol, 2020, doi:10.1001/jamaneurol.2020.2730
(2) N. Rifino et al., J Neurol, doi: 10.1007/s00415-020-10251-5, 2020
(3) S. Escalard et al., Stroke, 2020, https://doi.org/10.1161/STROKEAHA.120.031011Stroke

Charlène Catalifaud

Source : Le Quotidien du médecin