Si la découverte des antibiotiques a augmenté de manière conséquente l’espérance de vie, ouvrant ainsi une période qualifiée « d’ère nouvelle », elle a donné naissance depuis quelques années à des formes de résistance bactérienne qui ont fait vaciller les espoirs suscités à leur arrivée.
« Après un début foudroyant pour les bactéries et miraculeux pour les patients dans les années 1940, on assiste à un retournement depuis les années 1990 », souligne le Pr Antoine Andremont (chef du service bactériologique de l’hôpital Bichat). « L’apparition des génériques depuis le début des années 2000, en diminuant le coût des antibiotiques a également favorisé le développement d’une surconsommation ».
L’émergence et la diffusion des bactéries multirésistantes (pneumocoque, E. coli…) sont un phénomène évolutif et inquiétant qui peut aboutir à des situations d’impasse thérapeutique.
Après des résultats encourageants lors de son lancement en 2002, la campagne institutionnelle : « Les antibiotiques, c’est pas automatique » n’a plus les effets escomptés. Depuis 2010, l’utilisation des antibiotiques augmente à nouveau et la France reste l’un des plus gros consommateurs d’Europe (environ 30 % au-dessus de la consommation européenne). La mobilisation de tous les acteurs est plus que jamais nécessaire et de nouvelles actions sont prévues par les pouvoirs publics.
Une information grand public encore trop rare
Les chercheurs en sciences de l’information et de la communication et les spécialistes en sociologie de l’Université Sorbonne Nouvelle se sont penchés sur la façon dont les médias ont rendu compte du phénomène avec un retournement de situation qui a fait passer d’une confiance aveugle dans le pouvoir des antibiotiques à l’expression de réticences, d’inquiétudes et de signaux d’alarme. La presse généraliste nationale se préoccupe en effet depuis quelques années de l’antibiorésistance comme d’un sujet pouvant intéresser le grand public et elle relaie des messages parfois catastrophiques dans ses titres mais avec un contenu souvent bien documenté et informatif en interrogeant des experts. La presse familiale grand public aborde quant à elle le sujet en le personnalisant, en s’adressant aux mères et en parlant du cas concret d’un enfant mais, selon les spécialistes, les sujets traitant de l’antibiorésistance sont encore trop peu nombreux. « Or, des rappels réguliers sont nécessaires », insiste Laurence Labardens-Corroy (Université Sorbonne Nouvelle).
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