Les médecins de l'institut national mexicain des maladies respiratoires Ismael Cosío Villegas (Iner) viennent de prépublier sur le site medRxiv la description clinique du premier cas humain d'infection par le virus de la grippe aviaire H5N2. Bien que le patient soit décédé quelques heures après son hospitalisation, sa grande fragilité (il était déjà atteint d'insuffisance rénale chronique, de diabète de type 2 et d'hypertension artérielle) empêche les auteurs de véritablement déterminer la dangerosité de ce type d’événement infectieux, pour l'instant unique au monde.
À partir de l'ARN extrait d'un prélèvement rhinopharyngé, les médecins ont regardé en particulier les segments M, NS, NA, NP et HA du génome viral pour conclure que le virus isolé chez le patient correspondait à 99 % avec celui qui circulait alors dans la faune aviaire. Il s'agit du premier cas humain directement prouvé d'infection par le H5N2, bien que les auteurs n'excluent pas que d'autres transmissions aient pu avoir lieu sans qu'on le sache. Jusqu'ici, des cas humains avaient déjà été constatés pour d'autres virus aviaires : H5N1, H7N9 et H5N6. Les virus H5N1 ou H7N3 ont également été impliqués dans des infections humaines uniquement associées à des conjonctivites, sans symptômes respiratoires.
H5N2 n'est pas un virus identifié récemment, puisque sa première souche (A/Chick/Penn/83) a été décrite dans des élevages de poulets en Pennsylvanie dès avril 1983. Depuis, différents clades ont été rapportés dans plusieurs pays, dont le Mexique à partir de 1994.
Un état clinique rapidement détérioré
Repéré par le laboratoire de biologie moléculaire de l'Iner, le patient âgé de 59 ans s'était rendu aux urgences à la suite de douleurs dorsales, de diarrhées et de nausées. Les médecins ont pris la décision de le garder en observation, compte tenu de son taux d'oxygénation de seulement 80 %. Son état neurologique s'est ensuite fortement dégradé, puisqu'il avait un score de Glasgow de 5. La décision a été prise de placer le patient sous ventilation mécanique invasive, et de lui donner de la norépinéphrine en intraveineuse pour restaurer et maintenir sa tension artérielle. Anticipant une hospitalisation prolongée, un cathéter veineux central a été posé pour assurer le remplacement du volume sanguin, en vue de lutter contre l'acidose sévère. Les analyses sanguines ont, par ailleurs, relevé l’existence d'une inflammation systémique.
En dépit de cette prise en charge, l'état du patient a continué à se détériorer. Mis sous dialyse péritonéale, le patient a développé une péritonite causée par des bactéries à gram négatif ainsi qu'un épanchement pleural bilatéral. L'hypoxie s'est accentuée jusqu'à atteindre une saturation en oxygène de 49 % au bout de vingt heures.
Le mode de contamination n'est pas aisé à établir : le patient n'a pas fait de voyage ni été en contact avec un élevage de volaille. Les auteurs estiment en outre qu'une transmission interhumaine est hautement improbable. Les séquences génomiques retrouvées correspondaient à des sources de 2019, 2022, 2023 et 2024. Le virus était porteur d'une mutation (H255Y sur le segment NA) qui le rendait résistant à l'oséltamivir.
« D'avantage de recherches seront nécessaires pour connaître la pathogénicité de ce virus, écrivent les auteurs, de même que son potentiel de transmission interhumaine. Nous ne savons pas quelles conséquences pourraient avoir une infection par ce type de virus influenza chez l'homme », et en particulier chez des patients qui ne souffriraient pas des mêmes comorbidités que celui pris en charge à l'Iner, chez qui « la contribution du virus H5N2 à l'état clinique reste incertaine. »
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