« Au début des années 2000, avec moins d’un cas pour 10 000 habitants, la lèpre a été déclarée éliminée en tant que problème de santé publique par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), rappelle Michel Récipon, président du directoire de la Fondation Follereau. Or, si elle fait quasiment figure de maladie moyenâgeuse et invisible en France, elle continue de sévir dans plusieurs pays du monde, surtout auprès des plus fragiles. »
Quinze ans après les déclarations de l’OMS, « le nombre de nouveaux cas de personnes infectées par la lèpre et dépistées chaque année reste le même : plus de 200 000 », ajoute Michel Récipon. Un chiffre loin d’être anodin, d’autant plus que la détection est bien souvent tardive… et les infirmités, déjà installées.
Communautés isolées
Inde, Indonésie, Côte d’Ivoire, Madagascar… Ces pays sont encore aujourd’hui concernés par la lèpre, et, au sein de ces derniers, ce sont les communautés les plus isolées, les plus pauvres, qui sont en première ligne. « Une maladie qui touche les personnes pauvres dans les pays pauvres », dit-on à la Fondation Raoul Follereau, qui a fait de la lutte contre cette maladie une priorité. « À Madagascar, le malade doit marcher une journée avant d’atteindre le premier dispensaire, témoigne le Dr Bertrand Cauchoix, conseiller médical de la Fondation et spécialiste de la lèpre. Dans ces conditions, on détecte la maladie beaucoup trop tard, quand les handicaps lourds - paralysies, amputations - sont déjà là. » À Madagascar, 1 500 à 2 000 nouveaux cas sont dépistés chaque année : un rythme épidémique.
Aller au-devant des malades
La question de l’accessibilité aux soins dans les pays touchés est donc fondamentale, tout comme, sur un autre registre, les mauvaises images véhiculées : associée à la sorcellerie, la lèpre fait peur ; quant aux malades, ils font l’objet d’une énième exclusion. Pour lutter contre cet isolement et améliorer la prise en charge, la Fondation Raoul Follereau se rend directement sur le terrain, dans les villages, à la rencontre des personnes exposées. Objectifs : mettre en place un dépistage actif, qui permet de détecter les nouveaux malades à un stade très précoce. Identifiés et soignés immédiatement, ces derniers n’auront aucune séquelle une fois guéris. En outre, les dépistages actifs sont autant d’occasions d’informer et de former les soignants autour des cas de lèpre.
Prendre en compte les cas de handicap
La Fondation Raoul Follereau se mobilise également pour l’accompagnement des patients. « Si la maladie n’est pas dépistée à temps, l’atteinte des nerfs peut entraîner des paralysies et des infirmités définitives, précise le Dr Michel-Yves Grauwin, chirurgien orthopédiste. Dès lors, la chirurgie réparatrice devient nécessaire pour permettre à l’homme de se remettre debout, de retrouver sa dignité. » Prothèses sur-mesure, semelles, chaussures adaptées, séances de kinésithérapie… À Madagascar, au Gabon, au Bénin, en Guinée, au Sénégal ou encore au Burkina-Faso, les unités orthopédiques des centres Raoul et Madeleine Follereau prennent en charge ces actes thérapeutiques.
Appel à la générosité
Du dépistage précoce à la prise en charge des infirmités, la Fondation Raoul Follereau est sur tous les fronts. Et c’est justement pour pouvoir continuer à assurer ces missions qu’elle lance un appel à la générosité du public, à l’occasion de la 65e Journée mondiale des lépreux. Du 26 au 28 janvier, près de 15 000 quêteurs bénévoles iront à la rencontre des Français. Une campagne de communication avec un message clair - « Si la lèpre est détectée trop tard, la vie du malade change. Pour toujours » - accompagnera l’opération. Enfin, outre les actions citées plus haut, les dons collectés contribueront également à la recherche d’un vaccin. Le Pr Stewart Cole, président de la commission scientifique et médicale de la Fondation Raoul Follereau et délégué général de l’Institut Pasteur, rappelle que « même s’il a pris un peu de retard, le projet de développement d’un vaccin contre la lèpre est actuellement en essai clinique de phase 1 ».
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