C’est une situation éprouvante pour les professionnels de santé. Depuis plus d’une année le Covid-19 monopolise les professionnels de santé. Que ce soit ceux qui sont sur le terrain et qui doivent souvent face à un afflux plus important de patients. Que ce soit ceux qui couvrent médiatiquement cette crise sanitaire, et nous donnent des nouvelles du front ou échafaudent des propositions concernant une prise en charge adaptée vis-à-vis de ce fléau.
En allant sur le front, nous nous rendons compte que les professionnels ne déméritent pas pour la prise en charge des patients qu’ils soient atteints du Covid-19 ou les autres.
Depuis le mois de mars 2020, les urgentistes sont harassés par la charge démesurée de travail secondaire à cette situation. Il ne faut pas oublier qu’à côté ces problèmes infectieux, ils doivent également gérer tous les autres patients, et ils ont pu voir (ce que la presse relaie de manière répétée) qu’il existe de nombreux cas de pathologies psychiatriques décompensées du fait du couvre-feu ou des différents confinements.
En aval, les autres professionnels de santé mouillent également leur chemise pour permettre aux patients d’avoir une qualité de soins optimale.
À côté de ce rôle qui est la base de leur travail, nombreux sont ceux qui s’investissent dans les centres de vaccination ou dans leurs cabinets pour assurer une couverture optimale de leurs patients. Cette fonction se rajoute au poids de leur labeur, ce qui parfois entraîne des sacrifices au niveau de leur vie privée.
Une vision peu réaliste de la situation
À côté de ces professionnels qui sont de plus en plus fatigués par la charge de travail qui ne cesse d’augmenter, d’autres confrères qui se retrouvent sous les feux de la rampe et désertent quelque peu leurs services. Ils n’hésitent pas à montrer leur point de vue sur la situation sanitaire du pays, et ils donnent des bons et des mauvais points (cela dépend souvent de leur obédience politique) à l’exécutif ; situation qui discrédite quelque peu notre profession aux yeux de nos concitoyens.
Un trublion autrefois célèbre est arrivé très récemment sur ce terrain médiatique, cela alors que pendant plusieurs mois ses interventions étaient très ponctuelles : le Dr Pelloux. Depuis quelques jours il a pris la parole et ne cesse de répéter que la position des spécialistes médiatiquement célèbres est trop alarmiste.
Ce point de vue pourrait faire sourire, mais il y a quelques jours de cela un patient me faisait une remarque qui m’a quelque peu perturbée. Ce dernier m’expliquait que les soignants ne faisaient que se plaindre alors que la saturation des places en unités de réanimation était une information erronée car le Dr Pelloux l’avait exprimé de manière claire dans les médias. Cette affirmation m’a particulièrement énervé car il est aisé pour le Dr Pelloux de critiquer ses collègues médiatiquement exposés et agir de la même façon.
Sur le terrain, une situation difficile
Travaillant de manière épisodique avec les urgentistes du centre hospitalier départemental en plus de mon travail au cabinet, j’ai remarqué ces derniers mois leur fatigue intense qui fait suite au Covid-19, et leur questionnement dans le choix des patients qui peuvent être hospitalisés. Comment M. Pelloux qui travaille dans un tel service peut-il être aussi frais pour apparaître sur différents plateaux télé ?
Les urgentistes de notre centre hospitalier aspirent au repos en fin de service et ne peuvent apparaître ailleurs que chez eux. Compte tenu de ces éléments il est tout à fait indécent de dire que les médecins sont trop alarmistes vis-à-vis de la situation sanitaire du pays.
Au-delà de la polémique sur les chiffres concernant le taux d’occupation des lits de réanimation M. Pelloux devrait savoir, s’il était réellement sur le terrain, que les équipes médicales et paramédicales sont épuisées. Il est encore plus difficile d’être serein lorsqu’on n’a aucune possibilité de se projeter dans le futur.
Il est difficile de comprendre cette prise de position de notre confrère médiatique célèbre qui habituellement défend bec et ongles les urgentistes. Peut-être qu’il tente de renouer avec le pouvoir politique pour obtenir une place dans le futur en cas de discrédit de certains membres du gouvernement ? Si cela est le cas, son comportement est quelque peu inconvenant et très déstabilisant pour l’ensemble des professionnels de santé.
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Exergue : Il devrait savoir, s’il était réellement sur le terrain, que les équipes médicales et paramédicales sont épuisées
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