Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus a rendu public le nom des six pays africains qui bénéficieront en premier des transferts de technologie leur permettant de produire leurs propres vaccins à ARNm. Il s'agit de l'Égypte, du Kenya, du Sénégal, de l'Afrique du Sud et de la Tunisie. C'est à l'occasion d'un sommet entre l'Union européenne et l'Union africaine qui s'est tenu à Bruxelles ce jeudi 17 février que la liste a été dévoilée*.
Cette annonce s'inscrit dans le cadre du « Global mRNA Technology Transfer Hub », un dispositif destiné à aider les pays à revenus faibles et intermédiaires à acquérir les technologies afin de produire leurs propres vaccins. Originellement, le but était de gérer la crise de la pandémie de Covid-19, mais ce dispositif a maintenant pour ambition d'étendre les capacités de production domestiques pour tout une gamme de produits de santé.
Une école de formation bientôt annoncée
L'OMS va maintenant travailler avec ses partenaires et les pays concernés pour établir un plan complet d'acquisition des capacités en recherche clinique et des compétences en matière de réglementation du médicament. « Aucun autre événement que la pandémie de Covid-19 n'a montré à quel point le fait de se reposer sur une poignée d'entreprises pour fournir un bien de santé publique montre ses limites, a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus. À moyen et long termes, le meilleur moyen de gérer une urgence sanitaire et d'atteindre une couverture santé universelle est d'accroître significativement les capacités locales de fabrication des produits de santé, avec l'accessibilité comme premier objectif. »
Présent à Bruxelles, Emmanuel Macron a affirmé pour sa part que« le soutien à la souveraineté sanitaire et au développement économique en Afrique constitue le principal objectif du renforcement de la production locale en Afrique ». Il estime que « dans notre monde interconnecté, nous avons besoin de partenariats nouveaux et plus forts entre les pays et les autres acteurs, en temps de crise comme en temps de paix. »
Le « hub » mis en place par l'OMS doit former les personnels et les acteurs de la recherche clinique via une école dont les modalités seront détaillées dans les semaines à venir. Par ailleurs, l'instance doit aussi aider au renforcement des agences de régulation du médicament afin d'assurer la sécurité et l'efficacité des vaccins qui seront produits localement.
Un premier pas important
Les vaccins à ARNm constituent un premier pas. À l'avenir, les pays signataires espèrent produire eux-mêmes d'autres médicaments comme l'insuline ou les traitements contre la tuberculose, le paludisme ou le VIH.
L'ONG Médecins sans frontières (MSF) a immédiatement réagi à cette annonce, qualifiée d'« étape importante et bienvenue pour augmenter les capacités de production des vaccins dans les pays à revenus faibles et intermédiaires » par Kate Stegeman, coordinatrice MSF pour la région Afrique. « Il est encourageant de voir que ce hub de transfert de la technologie ARNm s'approche du développement et de la validation de la première plateforme de production de vaccins à ARNm libres de droit », a-t-elle poursuivi.
Récemment, le laboratoire sud-africain Afrigen Biologics and Vaccines a annoncé être parvenu à produire un prototype de vaccin à ARNm dirigé contre le Sars-CoV-2 sur le même modèle que le vaccin de Moderna. « C'est encourageant, mais d'autres étapes seront nécessaires, à commencer par la mise au point d'une version stable à des températures ambiantes, la réalisation de nouveaux essais cliniques et la mise en place de capacité de production à grande échelle », rappelle MSF. L'ONG a identifié plus de 100 entreprises en Asie, Amérique Latine et en Afrique en mesure de fabriquer des vaccins à ARNm.
* En présence du président français Emmanuel Macron, du président de l'Union africaine Cyril Ramaphosa, du président de le Conseil européen Charles Michel et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
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