En ce jour de mi-novembre 2021, un chiffre tourne en boucle affolée dans les médias d’information continue : bientôt 15 000 contaminations Covid-19 journalières en France, plus de 1 200 patients en réanimation. L’incidence des infections explose par ailleurs en Europe de l’Est, les Pays Bas sont au bord du reconfinement localisé, en Autriche, on pense à refuser aux non vaccinés l’accès aux lieux de convivialité, et au Royaume Uni où on laisse courir le virus, on compte les morts en se réjouissant qu’il n’y en ait pas plus (mais tout de même 143 000 qui en font la nation la plus endeuillée à l’Ouest de notre continent). Autant de décisions nationales qui témoignent de l’état d’esprit morcelé de l’Europe face à cette nouvelle attaque épidémique.
Avons-nous perdu la bataille dans cette guerre dont on ne voit pas l’issue contre le SARS-CoV2 ? Qu’avons-nous raté dans les choix faits en matière d’armes de lutte contre la Covid-19 depuis 18 mois ? Après la sortie du premier confinement en mai 2020, personne n’envisageait que l’on ait encore à appliquer des mesures barrière en septembre 2021. Quand les vaccins ont commencé à inonder le marché européen en janvier 2021, qui pensait que l’on parlerait déjà de rappel vaccinal alors que l’année n’est pas achevée ?
Ce que nous apprend finalement cette pandémie, c’est une constante humilité et une remise perpétuelle de notre ouvrage sur le métier. Pourtant nous avançons, à petit pas, mais des pas sûrs vers la sortie de crise. Si nous devions recenser ici les étapes porteuses d’espoir pour un avenir où la Covid-19 serait enfin une infection respiratoire banale, nous évoquerions bien sûr le tournant majeur qu’a constitué la vaccination. Et l’enquête observationnelle EPIPHARE est bien là pour nous montrer que, quelle que soit la stratégie vaccinale, être vacciné deux doses diminue quasi d’un facteur 10 le risque d’être hospitalisé ou de décéder.
Evidence scientifique contre obscurantisme populiste
Autre étape importante dans la préfiguration de notre arsenal thérapeutique, après ce que nous a apporté la dexaméthasone en matière de diminution de la mortalité chez les patients oxygéno-requérants : l’avènement des anticorps monoclonaux. Ils pallient autant les échecs vaccinaux chez les personnes âgées ou immunodéprimées qu’ils permettent de proposer un traitement post-exposition aux mêmes sujets, tout en offrant une option thérapeutique efficace chez les patients avec forme légère de Covid-19 mais à risque d’évoluer vers une forme grave.
Troisième révolution thérapeutique potentielle : l’arrivée dans un avenir proche des antiviraux par voie orale dont la prise précoce éviterait là aussi hospitalisations et décès chez les personnes vulnérables. Ces traitements dont plusieurs arrivent en fin de leur phase 3 de développement agissent en inhibant directement des étapes clé du cycle de réplication du virus. Proposés en ambulatoire sur 5 jours et dans les 5 jours suivant le début des symptômes de Covid-19, ils pourraient révolutionner la prise en charge de la maladie en redonnant aux médecins de ville une place de choix dans la stratégie de lutte contre l’infection. Ces médicaments couplés aux vaccins remettraient la médecine ambulatoire aux avant-postes de la pandémie, avec l’hôpital comme deuxième recours, à une place qui devrait être la sienne dans les années à venir si l’infection à SARS-CoV2 devenait effectivement une virose endémique comme nous sommes de plus en plus portés à le croire.
Un peu de médecine fiction maintenant : là où, un an auparavant, on débutait un deuxième confinement, on se bouscule aujourd’hui en terrasse pour profiter des quelques rayons de soleil automnal. L’économie est repartie à un rythme échevelé et à cette vitesse-là, nous allons atteindre quasi le plein emploi dans une économie qui chauffe en ayant intégré le passe sanitaire et la politique vaccinale. Où en serons-nous dans un an ? Automne – hiver 2022, les enfants seraient éligibles à la vaccination au même titre que pour les onze autres vaccins obligatoires, toute la population aurait accès à cette « 3e dose » qui se positionne plutôt comme un premier rappel vaccinal, on débattrait encore du passe sanitaire, quand on verrait combien de nos voisins lointains restent impactés par des vagues épidémiques au reflux perpétuel.
Dans cette fiction de demain, j’espère également que l’évidence scientifique aura eu gain de cause sur l’obscurantisme populiste, et que la raison aura évité aux plus vulnérables d’entre nous une hécatombe comme prix du plaisir de certains à s’affranchir de la solidarité qui devrait tous animer dans notre État de droits et de devoirs.
Exergue : Nous avançons, à petit pas, mais des pas sûrs vers la sortie de crise
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