Le Haut conseil des biotechnologies (HCB) a rendu public son avis sur l’utilisation de moustiques génétiquement modifiés (GM) dans le cadre de la lutte antivectorielle (LAV).
L'avis fait suite à une demande adressée le 12 octobre 2015 par Ségolène Royal, alors ministre de l’Écologie qui souhaitait un éclairage sur les avantages et les inconvénients de l’utilisation de moustiques génétiquement modifiés contre les moustiques porteurs de maladies vectorielles telles que le Zika, la dengue ou le chikungunya. Parmi les questions posées dans la saisine, la ministre souhaitait en particulier faire le point sur les résultats des premières utilisations et expérimentations menées dans le monde mais aussi préciser les bénéfices et les risques d'une utilisation en France, y compris les DROM-COM, notamment d’un point de vue socio-économique et éthique.
Dans son avis, le HCB rappelle que les maladies à transmission vectorielle « sont responsables de plus de 17 % des maladies infectieuses et provoquent plus d’un million de décès chaque année dans le monde ». Pour la plupart de ces maladies, on ne dispose ni de traitement médical efficace, ni de vaccins adaptés et les moyens mis en œuvre pour éliminer les moustiques vecteurs sont limités (restriction voire inefficacité des molécules insecticides).
Deux stratégies d’action
La lutte antivectorielle reste une priorité et ses enjeux multiples : « réduire la résistance des populations de moustiques aux insecticides, minimiser l’utilisation de molécules à impact environnemental, contrôler l’aire de répartition des moustiques vecteurs de pathogènes, prévenir l’émergence de nouveaux virus dans des territoires indemnes ». Le lâcher de moustiques modifiés apparaît comme un mode d'action émergent pour contrôler les populations de moustiques vecteurs : moustiques génétiquement modifiés et moustiques rendus stériles par irradiation.
Deux modes d’action de ces moustiques modifiés existent : « diminuer le nombre de moustiques vecteurs par blocage de la reproduction des moustiques » (selon les études, on observe ainsi une baisse de 80 % à 95 % de la population de l’espèce relâchée, mais pas son élimination) et leur faire perdre « la capacité à transmettre le pathogène responsable de la maladie chez l’homme » (il s’agit alors plus spécifiquement de populations « infectées » par la bactérie Wolbachia, qui fonctionnent aussi selon le premier mode d’action).
Une solution parmi d’autres
Le HCB insiste sur le fait que des solutions variées (y compris les mesures qui impliquent activement les populations) sont nécessaires pour une LAV de qualité, mais que « dans le panel d’outils de LAV à la disposition des autorités, le recours à des moustiques modifiés apparaît être une stratégie à ne pas négliger, qui ouvre des perspectives intéressantes en termes de contrôle de populations de moustiques vecteurs ». Il salue l’intérêt potentiel de cette solution, mais en signale les limites, ainsi que les précautions à mettre en œuvre (telle que l’évaluation des impacts environnementaux).
Si « le lâcher de moustiques modifiés a l’avantage de la spécificité », il ne faut pas oublier que « les effets positifs en termes d’impacts sur les épidémies restent à déterminer » et que cette stratégie serait à utiliser « sur le long terme et non comme un outil d’urgence ».
Comme l’indique Claude Gilbert, président du comité éthique, économique et social (CEES) du HCB, « il ne faut pas voir dans les moustiques modifiés une solution miracle aux maladies endémiques, mais plutôt une solution complémentaire au sein de la panoplie de la lutte antivectorielle ».
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