Les moustiques qui piquent plutôt la nuit (Anopheles, Culex) peuvent transmettre le paludisme, certaines arboviroses (Virus du Nil occidental, Encéphalites américaine et japonaise) et des filarioses ; Ceux qui piquent plutôt le jour (Aedes) peuvent transmettre des arboviroses (fièvre jaune, dengue, chikungunya, Zika) et des filarioses.
Les questions à se poser
1. Avant le voyage :
• Quelle destination (y compris en France) ?
• Quel risque pour le voyageur (contexte épidémiologique de la zone visitée : paludisme, arboviroses…) ?
• Quand a lieu le voyage et combien de temps dure-t-il ?
• Qui voyage ?
– Adulte, enfant, femme enceinte ou susceptible de l’être ?
– Ce voyageur présente-t-il une contre-indication (à une vaccination ou à une chimioprophylaxie du paludisme), relève-t-il de précautions et restrictions d’usage des répulsifs cutanés (enfant en bas âge, femme enceinte…) ?
– Quel est son statut vaccinal ?
2. Retour de voyage :
Si retour récent (moins de 2 semaines) de zone d’endémie et symptômes évocateurs :
• Est-ce une infection transmise par les moustiques ? Toute fièvre (ou embarras gastrique fébrile céphalalgique) au retour de zone d’endémie de paludisme est un paludisme jusqu’à preuve du contraire.
L’apparition en général brutale d’une fièvre et/ou d’un exanthème au retour de zone d’endémie peut être un Chikungunya, une dengue ou un Zika, plutôt un chikungunya (si douleurs articulaires invalidantes), une dengue (si signes hémorragiques), un Zika (si signes conjonctivaux). Évoquer ces diagnostics peut éviter une épidémie autochtone de dengue ou de Chikungunya, à la saison des moustiques, là où les moustiques vecteurs sont installés. Le rôle du médecin généraliste est fondamental, il est en 1re ligne ! Aedes albopictus (moustique tigre) est vecteur de la dengue et du Chikungunya. Il est installé en métropole de Nice à Montpellier, le long de la vallée du Rhône, en Corse, dans les Landes. Il a été observé dans d’autres régions, notamment parisienne.
• Si ce voyageur infecté de retour au pays est piqué par un moustique vecteur, l’infection peut-elle diffuser en métropole ?
La réponse est clairement oui, là où les moustiques vecteurs sont installés, les mois où ils piquent.
Ce qu’il faut faire
1. Voyage en zone à risque
a. de paludisme :
− chimioprophylaxie ou non ? Peser la balance bénéfice/risque selon la zone visitée (continent, pays, zone urbaine ou rurale, altitude), la saison, la durée et les conditions du séjour (activités, hébergement). Voir BEH hors-série-Recommandations sanitaires pour les voyageurs 2017 ; recommandations sur le paludisme d’importation 2017 de la SPILF (www.infectiologie.com)
− protection anti-vectorielle individuelle. Elle est systématique la nuit par moustiquaire imprégnée (protection la plus efficace), voire au coucher et lever du soleil par protection vestimentaire (si possible vêtements imprégnés) et répulsifs cutanés.
b. de fièvre jaune : vaccination, si pas de contre-indication
c. de Chikungunya, Dengue ou Zika : protection anti-vectorielle individuelle par vêtements imprégnés, chaussettes et chaussures couvrantes et répulsifs cutanés pendant la journée.
2. Retour de voyage + symptômes évocateurs de Chikungunya, Dengue ou Zika :
a. signalement à l’ARS, demande de confirmation biologique
b. à la saison des moustiques, si les moustiques vecteurs installés : confinement, répulsifs cutanés (pour éviter les piqûres de moustiques).
Ce qu’il faut retenir
• La chimioprophylaxie du paludisme est le pilier de la prévention pour le continent africain.
• Les répulsifs cutanés sont à appliquer sur les parties non couvertes du corps. La durée de protection varie de 4 à 8 8 heures Ils sont éliminés par l’eau (renouveler l’application après une baignade). Ne pas les appliquer en même temps qu’une crème solaire : appliquer la crème solaire en 1er, attendre au moins 20 minutes avant d’appliquer le répulsif (sinon il serait inactivé par la crème solaire).
• Chez l’enfant en bas âge ou en cas de grossesse, seuls certains répulsifs peuvent être utilisés, avec un nombre d’applications journalières déterminé (cf. BEH hors-série 2017, tableau 9, p 38).
• Chez l’enfant, jamais de répulsif sur les mains+++.
• Chez le petit avant la marche, la solution la plus efficace est la moustiquaire imprégnée de perméthrine sur la poussette, le parc, le lit, etc.
• Sont inefficaces et ne doivent pas être utilisés : les bracelets anti-insectes, huiles essentielles (protection limitée à 20 minutes), appareils à ultrasons, homéopathie, vitamine B1, papiers et autocollants gluants sans insecticide.
• Agir contre les gites larvaires de moustiques en supprimant l’eau stagnante aux abords du domicile : y penser aussi dans les locations de vacances, maisons de campagnes…
• Pour en savoir plus : BEH Hors-Série « Recommandations sanitaires pour les voyageurs 2017, à télécharger sur le site www.invs.santepubliquefrance.fr.
D’après un entretien avec le Pr Éric Caumes, infectiologue, Hôpital de la Pitié-Salpétrière, Paris
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