« La lèpre sévit toujours, s'alarme le Dr Bertarnd Cauchoix, conseiller médical à la fondation Raoul Follereau en cette 67e journée mondiale (24 au 26 janvier). L'OMS avance le chiffre d'environ 210 000 nouveaux cas par an dans le monde, mais c'est au moins le double. La lèpre souffre d'un déficit énorme de dépistage. »
Après avoir considéré que la lèpre n'était plus une priorité de santé publique dans les années 2000, l'OMS remet depuis mars 2017 le focus sur les stratégies avancées de dépistage. « La lèpre touche les populations les plus pauvres, les plus éloignées du système de soins, rappelle le Dr Cauchoix. Il faut aller au-devant d'elles sans stigmatiser pour faire un dépistage précoce. C'est pourquoi nous privilégions une approche intégrée des dermatoses dans le cadre des maladies tropicales négligées, dont la lèpre fait partie mais aussi l'ulcère de Buruli, le pian ou les mycoses profondes. On s'oblige à prendre en charge l'ensemble de ces dermatoses. »
Double objectif : dépister et renforcer les compétences sur place
Les stratégies avancées consistent, via des actions le plus souvent ponctuelles, à inviter les populations dans les villages à venir consulter pour des signes dermatologiques ou à faire du porte-à-porte dans les zones de forte prévalence. « L'approche globale des dermatoses permet de ne pas ostraciser la maladie, insiste le médecin de la fondation. Ce n'est pas seul avantage de l'approche intégrée, qui augmente la rentabilité des actions et qui renforce les compétences des professionnels locaux. Ces soignants sauront désormais poser le diagnostic de la lèpre et les diagnostics différentiels. »
Au stade débutant de la maladie, le diagnostic dermatologique n'est pas facile à poser. Trop souvent, dans un quart des cas, la lèpre n'est découverte qu'au stade des infirmités avec atteinte neurologique sensitive ou motrice. « Environ 7 à 10 % des cas dépistés touchent les enfants, souligne le Dr Cauchoix. C'est la preuve que la lèpre circule. Si l'on veut atteindre l'objectif de ne plus avoir d'infirmité chez l'enfant d'ici à 2025, il faut dépister précocement. »
Des projets sur la durée de traitement et la chimioprophylaxie
Outre les actions de dépistage auprès des populations, la fondation Raoul Follereau soutient la recherche. Une cohorte au Mali est suivie afin de déterminer s'il est possible de raccourcir la durée de traitement, actuellement de 6 à 12 mois (forme pauci ou multibacillaire). Une autre étude, le projet PEOPLE, vise à évaluer la faisabilité d'une chimioprophylaxie à l'échelle d'un territoire à Madagascar.
« La lèpre souffre d'un manque de financement à tous les niveaux, dépistage, traitement médical, prise en charge du handicap, recherche », déplore le Dr Cauchoix. À l'occasion de la journée mondiale, la fondation lance un nouvel appel aux dons. Plus d'infos sur : www.raoul-follereau.org
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