Contrôle des laboratoires chinois, nouvelles études épidémiologiques dans la ville chinoise de Wuhan à l'origine de la pandémie de Covid-19… Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a détaillé le 16 juillet ses propositions pour la suite de l'enquête sur l'origine de la pandémie, appelant Pékin à faire preuve de transparence.
Au début de l'année, une mission d'experts conjointe de l'OMS et de la Chine avait écarté la piste de la fuite du virus d'un laboratoire chinois en tant qu'explication crédible du début de l'épidémie. Les conditions de travail de la mission d'enquête, mise sous coupe réglée par le gouvernement chinois, avaient été largement critiquées, y compris par le Dr Tedros.
Un protocole de contrôle pour les laboratoires ciblés
Pour aller plus loin, l'OMS estime qu'il faut mener des contrôles dans les laboratoires et des établissements de recherche actifs dans la région de Wuhan où les premiers cas humains ont été identifiés en décembre 2019.
« Nous attendons de la Chine qu'elle soutienne cette nouvelle phase du processus scientifique en partageant toutes les données pertinentes dans un esprit de transparence. De même, nous attendons de tous les États membres qu'ils soutiennent le processus scientifique en s'abstenant de le politiser », a-t-il ajouté.
L'OMS a élaboré un « protocole d'évaluation de la sûreté et de la sécurité biologiques en laboratoire » destiné à guider ses enquêtes, mais aussi à prévenir un risque futur de contamination environnementale. Ce protocole portera entre autres sur le personnel, la sécurité matérielle et informatique, les inventaires des animaux, échantillons et virus, et les protocoles de gestion des déchets.
Outre les contrôles des laboratoires chinois, a indiqué le Dr Tedros, l'OMS souhaite notamment mener des études « qui donnent la priorité aux zones géographiques où la circulation du SARS-CoV-2 a été signalée le plus tôt », et d'autres sur les « marchés d'animaux à Wuhan et dans les environs, y compris des études suivies sur les animaux vendus au marché de gros de Huanan ».
Les nouvelles études épidémiologiques souhaitées par l'OMS devraient comprendre « l'accès aux cas et cas potentiels survenus à Wuhan en décembre 2019, voire plus tôt, et des enquêtes, des analyses et des examens supplémentaires de ces cas, y compris des études rétrospectives sur les premiers cas confirmés ou suspects, l'évaluation des dossiers cliniques et du matériel biologique archivé ».
L'OMS doit désormais établir les plans opérationnels et le cadre de référence de la nouvelle phase de l'étude, en consultation avec les États et la communauté scientifique. Pour cela, le Dr Tedros a annoncé vendredi la mise en place à brève échéance d'un Groupe consultatif scientifique international permanent de l'OMS sur les origines des nouveaux agents pathogènes, baptisé « SAGO ».
Pékin freine des 4 fers
La nouvelle phase de l'étude s'annonce toutefois délicate. Pékin a rejeté vendredi les critiques du Dr Tedros sur le manque supposé de coopération de la Chine. Le patron de l'OMS avait appelé le pays à « mieux coopérer » pour comprendre ce qu'il s'est « véritablement passé », évoquant devant la presse le manque de partage par Pékin de « données brutes » sur le virus, un « problème » selon lui.
Invité à réagir, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, a affirmé que « certaines informations concernant la vie privée ne peuvent être copiées et sorties du pays ». Les experts de l'OMS ont toutefois pu « obtenir une grande quantité de données » et la Chine leur « a montré ligne par ligne » celles qui nécessitaient « une attention particulière », a souligné M. Zhao.
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