J’en veux à nos dirigeants politiques et je me demande s’il ne faut pas également y associer certains pontes de la médecine qui tiennent les rênes en matière de prise de position. On a le sentiment qu’il y a beaucoup d’opacité dans tout cela. Est-ce le corps médical qui influence les politiques ou est-ce le monde politique qui dicte sa conduite à un corps médical choisi ? Devant tant d’incohérences, d’avis divergents, de propos surprenants, parfois mensongers, d’interdictions de prescrire, de querelles d’ego, etc. on finit par se poser vraiment beaucoup de questions.
Les généralistes, comme les hospitaliers sur le front sont de petits soldats, souvent très peu armés, exposés, pour beaucoup d’entre eux, à des patients qui débarquent dans leur cabinet 8 fois sur 10 sans protection, donc potentiellement contagieux, symptomatiques ou possibles porteurs sains. Combien d’entre nous ont déjà perdu la vie en raison de toutes ces insuffisances ?
Alors, comment a-t-on pu balancer une mesure si lourde, si coûteuse, on dira peut-être un jour si ruineuse que le confinement sans lui adjoindre d’emblée cette autre mesure si élémentaire, si logique, si basique et si peu coûteuse que le port du masque obligatoire pour tous.
Et pourquoi pas des sanctions ?
Mais comment fonctionnent donc les neurones de nos décideurs ! Il aurait été extrêmement simple d’ajouter sur l’autorisation de sortie une petite ligne « port du masque obligatoire lors de toute sortie du domicile et quel que soit son motif, sinon amende de 100 € ». Sanction hélas indispensable pour assurer la bonne application de cette mesure. Je suis curieux d’imaginer ce qu’aurait eu comme conséquence cette simple petite phrase. Qui sait, peut-être aurait-on déjà commencé à estourbir cette épidémie !
« Le masque n’est pas utile pour la population » nous a-t-on rabâché, parce que pour raisons d’économies, le gouvernement précédent n’avait pas jugé utile d’en avoir en réserve, et que l’actuel, pour les mêmes raisons ou peut-être par simple oubli, n’a rien fait pour corriger cette inadmissible erreur. On a même enfoncé le clou : « Et puis, il n’est pas certain que vous sachiez bien l’utiliser ! Vous savez, c’est compliqué à mettre un masque », parce que vous avez compris qu’il n’y en aurait pas de disponibles avant un bon moment.
Il y a des situations où il faut s’asseoir sur son amour propre, quitte à dire aujourd’hui l’inverse de ce que vous avez dit la veille. Vous n’avez pas été prévoyant, vous avez mal conseillé, vous avez usé du mensonge pour vous en sortir. Qu’importent vos erreurs, vos oublis, vos négligences, votre manque de franchise, il faut les reconnaître puis passer à la suite…
Il y a tout de même assez de personnes à avoir perdu la vie ! Mesdames, Messieurs du gouvernement ou de l’opposition, ne pensez plus à vos carrières, de grâce, une bonne fois pour toutes, pensez aux gens dont vous devez assurer la protection.
Surtout ne vous tracassez pas pour les masques ! Les Français sont astucieux. Des masques, ils sont en train d’en fabriquer actuellement dans les quatre coins de l’Hexagone. Ils ne seront pas tous aux normes. Qu’importe, ils seront assez efficaces si tout le monde en porte et si, de surcroît on ajoute la distanciation.
La suite, c’est donc le port du masque obligatoire pour tous, lors de toute sortie de son domicile (et pas seulement dans les transports en commun comme l’a annoncé le premier ministre) et pour autant de temps que ce sera nécessaire. Ce sera la seule solution pour approcher du but : non pas la réduction de l’épidémie mais son éradication totale. Avec les tests en plus, la recherche de médicaments, et beaucoup de confiance individuelle et collective en ce que l’on fait, on devrait y arriver.
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Exergue : Est-ce le corps médical qui influence les politiques ou est-ce le monde politique qui dicte sa conduite au corps médical ?
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