Courrier des lecteurs

Ségur et hôpital : et si on demandait l'avis des généralistes...

Publié le 16/06/2020

Tout le monde, depuis des années, a une idée sur ce qui est bon pour nous médecins généralistes, et pour notre vie professionnelle… La tendance s’accentue de plus en plus ces dernières années, dans une accélération délétère. Et nos élus de tous poils, nos responsables socio-administratifs, nos experts plus ou moins bidons et surtout tous autoproclamés, tous ont une idée précise sur ce que doit être notre organisation de travail. Sans que personne ne nous demande notre avis .. ?!

Personne par ailleurs, dans tous ces schémas, ne se soucie vraiment de la finalité, c’est-à-dire du patient, du malade : pourquoi faire au demeurant? Nos officines pharmaceutiques, épiceries de luxe largement subventionnées sur le plan administratif, grignotent tout ce qu’elle peuvent de l’exercice des médecins, au plus vite, à prix coutant, avec ces dernières années un bonheur et une réussite assez extraordinaire car il semble que l’on ne leur refuse plus rien, même sur des mesures complètement iconoclastes en termes de responsabilité professionnelle ou d’assurances…

Même si on parle à ce propos du lobby des pharmaciens, tout ce mouvement ne saurait s’expliquer par sa présence seule, et il y donc ici derrière une volonté délibérée de la haute administration de la santé, DGS, UNCAM, et Ministère de la Santé, pour réduire le périmètre de travail de notre métier, dans la plus grande irresponsabilité fonctionnelle…

La dérive est totale, en roue libre. Et nous avons désormais notre nouveau Ségur de la Santé. Le nième. Que l’on puisse toujours s’inscrire dans ces appellations récurrentes laisse rêveur.. Et à ce propos il serait sans doute intéressant de demander enfin - cela n’a jamais été fait – à tous les médecins généralistes, quelles seraient leurs idées et solutions pour améliorer le fonctionnement hospitalier ? Après tout, nous sommes tous les correspondants réguliers de ces structures, et nous sommes tous au décours de nos vies professionnelles, les témoins privilégiés, d’un certain nombre de dysfonctionnements, aléas et autres difficultés rencontrées dans ce cadre.

Nos jugements et constats sont donc tout à fait licites et valables, bien plus que d’autres qui n’en ont aucun vécu. Ainsi, même si le Ségur en question débouche sur une augmentation « significative » des salaires, on ne voit pas du tout ce que cette mesure, d’appréciation sociale, va faire pour que le fonctionnement de l’hôpital soit meilleur et fluide… ? ! 

L’exemple du dossier des urgences est à cet égard particulièrement exemplaire. Depuis plus de 30 ans, il y a pratiquement un plan urgences par an, ou à tout le moins une rallonge budgétaire, un budget additionnel, de plusieurs dizaines de millions de francs ou d’euros débouchant sur la création de quelques postes de travail, et dans ce lot de quelques médecins ou internes… Depuis plus de 30 ans… !! C’est le tonneau des Danaïdes… !

Pour le résultat que l’on sait, et les plaintes entendues chaque année, autour des moyens insuffisants, etc… Tout ceci frôle le ridicule. Si on commençait ici par le commencement, c’est-à-dire sur le problème de la surfréquentation même ? Et pas par des gadgets comme celui du Dr Véran.

On parle de ramener chacun à sa propre responsabilité, qu’il s’agisse de celle du soignant, mais bien aussi de celle des malades. Et le cadre hospitalier présente un peu beaucoup la même composante, loin des réalités terrestres fonctionnelles…

Quelles sont donc vos idées sur la question, ou sur tout ou partie de quelques aspects hospitaliers… ? S’il y a bien des acteurs de santé susceptibles d’émettre des jugements, c’est bien nous, non ? 

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Exergue : Est-ce le corps médical qui influence les politiques ou est-ce le monde politique qui dicte sa conduite au corps médical ?

Christophe Pinna Lioux (84)

Source : Le Quotidien du médecin