Face à l'augmentation des niveaux de résistance bactérienne aux antibiotiques, 23 laboratoires pharmaceutiques, associés à des organisations philanthropiques, viennent de lancer le Fonds d'action contre l’antibiorésistance (ou AMR action fund).
Ce fonds est destiné à aider les start-up et les biotechs dans les premières phases de développement d'antibiotiques. Lors de la conférence inaugurale le 9 juillet à Berlin, les représentants des laboratoires ont affiché l'objectif de développer deux à quatre nouvelles molécules au cours de la décennie à venir.
Pour Hubertus von Baumbach, directeur général de Boehringer Ingelheim, « c'est un problème autant scientifique qu'économique : il n'existe pas à ce jour de modèle économique viable pour la mise au point de nouveaux antibiotiques, déplore-t-il. Notre fonds va se concentrer sur les entreprises qui ne disposent pas de moyens importants pour passer certaines étapes de développement. Il fournira une expertise dans des domaines comme la logistique, le passage à la production industrielle et les aspects juridiques de la mise sur le marché d'un médicament. »
Alors que les antibiotiques sont prescrits le moins possible afin de préserver leur efficacité, cet écosystème particulier a entraîné des faillites de sociétés de biotechnologies ces dernières années, a-t-il été rapporté.
Le fonds, actuellement provisionné à près d'un milliard de dollars, sera officiellement opérationnel au quatrième trimestre 2020, tandis qu'une équipe est en cours de recrutement pour en assurer la gestion.
Questionné sur la possibilité d'utiliser ce fonds pour inciter à la relocalisation d'une partie de la production en Europe pour améliorer l'indépendance de l'Union Européenne, Thomas Cueni, directeur général de la fédération internationale des fabricants pharmaceutiques partie prenante dans le fonds a répondu que « l'idée n'est pas de changer les sites de production, mais de s'assurer que tous les pays ont accès aux antibiotiques. »
Invité lors de la conférence, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS a salué « un nouveau modèle de partenariat public-privé : l'utilisation de fonds privés sur la base de recommandation provenant du monde académique. L’antibiorésistance est un lent tsunami qui menace d'effacer un siècle de progrès médical. L'OMS souhaite collaborer avec le Fonds d'action contre l’antibiorésistance pour accélérer la recherche et pouvoir faire face à cette crise de santé publique ».
Selon les données de l'OMS, 700 000 personnes meurent chaque année de l’antibiorésistance. « Contrairement à la crise du Covid-19, la crise imputable à l’antibiorésistance est prévisible et évitable. Nous devons agir ensemble pour reconstruire le pipeline et veiller à ce que les antibiotiques les plus prometteurs et les plus innovants parviennent du laboratoire pharmaceutique aux patients », conclut Thomas Cueni.
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