Cela fait plusieurs mois que le monde est confronté au coronavirus Covid-19. Il a fait de nombreux morts. Son traitement est difficile, voire controversé. Depuis les publications du Pr Raoult, il existe une polémique concernant l’hydroxychloroquine. L’universitaire marseillais affirme, à la suite de son expérience et de sa connaissance des publications chinoises, que ce traitement est efficace contre le virus. Ses détracteurs nient la valeur de ses publications sous différents prétextes, soit scientifiques – petites séries sans séries témoins, trop grand nombre de perdus de vue etc.- soit psychologiques, car la personnalité du Pr Raoult est clivante.
Depuis quelques semaines, dans un certain nombre de centres médicaux, le traitement par hydroxychloroquine est appliqué à un certain nombre de patients. Pour les uns, il est miraculeux. Pour les autres, il n’est pas efficace. Quand le traitement est inefficace, les premiers expliquent qu’il a été donné trop tard alors que les sceptiques disent qu’il ne marchera jamais. Demander une étude en double aveugle (donner des comprimés à deux groupes mais les comprimés avec le principe actif du médicament à un seul groupe, puis comparer les résultats) n’est ni éthique ni moral quand le pronostic vital est rapidement engagé.
Donc, prouver l’efficacité du traitement est très compliqué. Si le patient guérit, on pourra dire qu’il aurait guéri spontanément. S’il meurt, on dira que le traitement a été administré trop tard.
La seule solution est de renverser la charge de la preuve. Ceci semble possible car, pour une fois, l’humanité possède déjà un groupe témoin. Et pour une fois, non pas celui qui ne recevra pas de traitement mais bien celui qui le reçoit déjà. En effet un grand nombre de patients atteints de maladies rhumatismales (lupus érythémateux, polyarthrite rhumatoïde) sont traités de façon permanente par l’hydroxychloroquine et ce, parfois depuis des années.
Le ministère de la Santé pourrait donc faire un appel par voie de presse à tous ces gens qui bénéficient de ce traitement au long cours, pour leur demander (ou à leur médecin) s’ils ont présenté ou présentent des signes de l’infection (clinique, biologique) à coronavirus. Dans ce groupe traité par l’hydroxychloroquine, le recensement de gens atteints par le coronavirus nous donnerait déjà une bonne idée de l’efficacité de la protection de ce traitement ou bien nous montrerait son inefficacité.
Ceci permettrait d’établir un pourcentage comparatif et d’en déduire l’efficience ou non de ce traitement controversé. Si cette idée plaît aux pouvoirs publics, il ne leur reste plus qu’à agir par voie de presse.
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