Le 116E, car c’est ainsi qu’il se nomme, est le premier vaccin monovalent mis au point par des Indiens, pour des Indiens, et à partir de souches de rotavirus présentes en Inde.
Sa mise au point devrait aboutir à une protection aussi efficace que celle procurée par les vaccins oraux commercialisés par Merck (RotaTeq, vendu en France par Sanofi Pasteur Msd) et GSK (Rotarix) mais pour un prix bien moindre : moins d’un dollar la dose. Les résultats de la phase trois, publiés dans « The Lancet », semblent indiquer que le but a été atteint au moins en ce qui concerne l’efficacité.
Un risque de diarrhée divisé par deux
Entre mars 2011 et novembre 2012, 6 799 enfants de 6 à 7 semaines ont été répartis entre un groupe recevant trois doses de vaccin oral (à 7, 10 et 14 semaines) et 2 267 recevant un placebo. Les auteurs ont relevé 71 gastro-entérites à rotavirus dans le groupe vacciné contre 76 dans le groupe placebo au bout d’un an de suivi.
Il y avait 1,5 cas de gastro-entérite sévère pour 100 patients années dans le groupe vacciné, et 3,2 cas pour 100 patients années dans le groupe placebo. L’incidence de la pathologie était donc diminuée de plus de la moitié, alors que les événements indésirables étaient aussi peu nombreux dans les deux groupes.
Une course de relais de plus de 15 ans
La souche 116E est une recombinaison de virus humain et bovin. Cet hybride est naturellement atténué, et induit une forte réponse immunitaire contre les diarrhées sévères et les réinfections, ce qui a poussé en 1998 une équipe indo-américaine de l’Indo-US Vaccine Program à en faire un candidat vaccin. Une entreprise indienne, Barhat Biotech International, s’est ensuite proposée pour développer et produire ce vaccin avec l’appui financier de la fondation Bill et Melinda Gates.
L’inde : premier pays pour les décès causés par le rotavirus
Les essais cliniques, quant à eux, ont été coordonnés par le centre pour la recherche médicale et le développement de New Delhi. « Ce vaccin est le premier à être entièrement développé en Inde », se réjouit Maharaj Bhan du ministère des Sciences et Technologie indien dans un commentaire de l’étude. Il rappelle que les vaccins commerciaux sont disponibles dans les pays à faibles revenus par habitant comme l’Inde mais que « seuls les pays à hauts revenus peuvent se permettre de financer des programmes nationaux de vaccination, alors que 85 % des morts liés au rotavirus surviennent dans les pays à faibles revenus ».
En Inde, les diarrhées à rotavirus causent 10 % des décès d’enfants de moins de cinq ans, et sont responsables de 35 % des hospitalisations pour cause de diarrhées aiguës, soit 400 000 à 800 000 admissions annuelles. Il s’agit du pays le plus touché par les décès causés par des infections au rotavirus, avec 75 000 à 122 000 morts par an.
Efficacy of a monovalent human-bovine (116E) rotavirus vaccine in Indian infants: a randomised, double-blind, placebo-controlled trial, The Lancet, publication en ligne du 12 mars
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