Infectiologie

Une matrice de la dermatologie

Publié le 10/03/2014
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Crédit photo : BSIP

« Dermatologie et infectiologie ont toujours été très liées et l’une des contributions historiques des dermatologues en pathologie infectieuse est la description du sida, avec les premiers cas de maladie de Kaposi chez des jeunes hommes homosexuels rapportés en même temps que les pneumonies à pneumocystis dans le numéro du New England Journal du 10 décembre 1981 », rappelle le Dr Pascal del Giudice.

L’infectiologie est, sur le plan historique, l’une des matrices de la dermatologie et elle constitue un champ important de la spécialité. Un des aspects les plus modernes de cette relation agent infectieux et dermatologie est l’implication de certains virus dans certains cancers cutanés, comme le carcinome à cellules de Merkel, la maladie de Kaposi ou certains lymphomes.

« De nombreuses maladies infectieuses significatives en terme de santé publique ont des manifestations dermatologiques et les dermatologues sont souvent en première ligne dans le rôle de veille épidémiologique », estime le Dr Del Giudice. C’est le cas, par exemple, face à la pandémie actuelle d’infections à staphylocoques résistants en milieu communautaire. Il en sera vraisemblablement de même si une épidémie de dengue ou de chikungunya survient : ces infections souvent associées à des manifestations dermatologiques sont parmi celles vues en première ligne par les dermatologues. « Nous ne devons donc pas nous désinvestir de ce rôle, ni plus largement nous désintéresser de cette facette de notre spécialité », insiste le Dr del Giudice, qui regrette que désormais, les études les plus importantes en pathologie infectieuse ne soient plus publiées dans des revues de dermatologie internationales.

L’actualité dans ce domaine de la dermatologie est marquée par les problèmes d’approvisionnement de certains médicaments de base. « Alors que la gale semble en augmentation, nous sommes relativement démunis. L’Ascabiol en raison de l’arrêt de production du sulfiram n’est plus disponible. L’autre produit de référence, la perméthrine, n’est pas aisément disponible. »

Des difficultés comparables sont rencontrées dans le traitement de la syphilis, qui reste une maladie actuelle, avec les problèmes d’approvisionnement du traitement de référence qu’est l’extensilline. Sans oublier les ruptures de production de doxycycline, antibiotique pourtant indispensable dans les infections sexuellement transmissibles à Chlamydiae et les rickettsioses.

« Plus que jamais, les dermatologues doivent rester investis dans le champ des pathologies infectieuses. De nouveaux outils de diagnostic biologique apportés par la biologie moléculaire sont à notre disposition et vont nous permettre des progrès décisifs, mais nous devons apprendre à les connaître », conclut le Dr del Giudice.

D’après un entretien avec le Dr Pascal del Giudice, président du groupe thématique dermatologie-infectiologie de la société française de dermatologie.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Bilan spécialistes