On savait que les patients atteints d'IC étaient plus exposés au développement de formes sévères de Covid-19, mais on manquait de données chiffrées. De plus, il était nécessaire de vérifier l'existence d'une corrélation avec l'atteinte de la FEVG et l'éventuelle implication des traitements s'adressant au système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA).
Une analyse rétrospective de 6 439 patients, admis pour Covid à l’hôpital du Mont Sinaï à New York entre février et juin, en a recensé 422 (6,6 %) avec des antécédents d'IC.
Par rapport aux autres patients, ils étaient plus âgés (63,5 ans en moyenne), 45 % étaient des femmes, avec des comorbidités plus nombreuses, les plus fréquentes étant l'hypertension artérielle (34,5 %), l'obésité (27,9 %, IMC moyen de 29) et le diabète (22,8 %). Un tiers d'entre eux étaient traités par des inhibiteurs du SRAA (ISRAA).
L'insuffisance cardiaque, facteur indépendant de mauvais pronostic
Leur durée de séjour a été plus longue (8 jours vs 6). Dans toute la cohorte, 17 % des patients ont été admis aux soins intensifs et 12,6 % ont été intubés pour ventilation mécanique, des chiffres bien plus élevés chez les IC avec des OR respectivement de 1,52 et 2,02. La mortalité était pratiquement doublée en cas d'IC (40 % vs 24,9 % en l'absence d'IC). Le risque persiste après ajustement sur diverses variables démographiques, les comorbidités, les marqueurs de sévérité à l'admission…etc. L'IC reste un facteur de risque indépendant d'admission en soins intensifs (OR = 1,71), d'intubation pour ventilation mécanique (OR = 3,64) et de mortalité hospitalière (OR = 1,88).
Le niveau de FEVG peu révélateur
En classant les patients selon la FEVG, elle était préservée chez 59,3 % des IC (ICFSP), altérée chez 30,3 % (ICFSA) et intermédiaire chez 10,4 % (ICFSI).
À noter que chez les 80 patients (19 %) qui ont eu une échographie pendant l'hospitalisation pour Covid, 14 (17,5 %) ont aggravé la FEVG d'au moins 10 points et qu'une insuffisance tricuspide ou mitrale sévère est survenue de novo chez respectivement 9 et 6 patients.
La FEVG n'est pas un facteur pronostic indépendant concernant la durée d'hospitalisation, le recours aux soins intensifs, à l'intubation et à la ventilation mécanique, l'insuffisance rénale aiguë, le choc, les événements thromboemboliques ou la réhospitalisation avant 30 jours.
Toutefois, le choc cardiogénique et les réhospitalisations dans les 30 jours étaient significativement plus nombreux en cas d'IC à fonction systolique altérée (ICFSA). Même si le groupe était de petite taille, la mortalité a été la plus basse en cas de FEVG intermédiaire (22,7 % vs 38,3 % pour l'ICFSA et 44 % pour l'ICFSP).
Les facteurs de risque de mortalité hospitalière étaient l'âge, les classes III et IV de la NYHA, l’existence d'une fuite mitrale antérieure, une saturation en oxygène plus basse, un taux de lymphocytes diminué et une troponine élevée.
Les traitements antérieurs par ISRAA n'étaient pas associés à un pronostic plus mauvais, ce qui souligne l'importance de ne pas les arrêter s'ils sont nécessaires. C'est une des conclusions des auteurs de cette étude, qui confirme aussi que les ICFSP n'ont pas un meilleur pronostic que les ICFSA, d'autant qu'ils ont généralement plus de comorbidités. Le lien étroit entre l'IC et l'augmentation du risque de recours à la ventilation mécanique et de la mortalité doit bien sûr inciter à protéger encore plus les patients avec IC de l'infection. Ces patients doivent aussi mieux être orientés dès leur arrivée à l'hôpital. Il convient également de discuter de thérapies plus intensives, en particulier par anticoagulants et/ou corticoïdes, et de repenser le recours à la téléconsultation et le télémonitoring en période de pandémie.
Jesus Alvarez-Garcia, Prognostic Impact of Prior Heart Failure in Patients Hospitalized With COVID-19, JACC VOL. 76, NO. 20, 2020
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