Alors qu’en France, la Haute Autorité de santé vient de recommander le vaccin AstraZeneca-Oxford aux moins de 65 ans, les chercheurs britanniques mettent en évidence, dans une étude en prépublication du « Lancet », une efficacité de 76 % dès la première dose, et ceci pendant trois mois. Autre résultat intéressant : une dose de ce vaccin à adénovirus non réplicatif pourrait réduire de 67 % la transmission.
Pour obtenir ces nouveaux résultats, les chercheurs d'Oxford ont inclus les données de quatre essais cliniques en cours au 7 décembre 2020 (soit un mois de plus que pour les résultats préliminaires rapportés en décembre dans le « Lancet »), portant le nombre de participants ayant développé une forme symptomatique de Covid-19 à 332, contre 131 identifiés lors de l'analyse intermédiaire. Quelque 17 177 personnes ont participé à ces essais.
76 % d'efficacité dès la première dose, pendant trois mois
Alors que plusieurs chiffres circulent selon les essais concernant l'efficacité du vaccin (entre 62 à 70 %), cette nouvelle étude montre une efficacité contre les formes symptomatiques de l'infection de 76 % après une première dose, à partir d’un délai de 22 jours – une fois la protection du système immunitaire enclenchée – et jusqu'à trois mois, sans que le taux d'anticorps ne fléchisse. L'efficacité grimpe à 82,4 % après une deuxième dose injectée trois mois après la première. Les auteurs insistent sur l’importance de ce délai : lorsque l’intervalle entre les deux doses est inférieur à six semaines, l’efficacité du vaccin tombe à 54,9 %. Ce serait donc l’intervalle entre les doses, et non le dosage lui-même, qui aurait le plus d’impact sur l’efficacité du vaccin, lit-on.
« Ces nouvelles données confirment le délai d’intervalle recommandé par plus de 25 régulateurs, dont le MHRA (agence sanitaire britannique) et l’Agence européenne des médicaments (EMA), à l’occasion de sa mise sur le marché », commente dans un communiqué le Pr Andrew Pollard, principal investigateur de l’essai d’Oxford et co-auteur de l’étude.
Concrètement, « des programmes de vaccination par ChAdOx1 (nom du vaccin d'AstraZeneca) qui cibleraient un vaste public, avec un délai de trois mois entre les doses, constituent une stratégie efficace pour réduire la maladie. Ce serait même la solution optimale dans un contexte de ressources limitées », lit-on dans l'étude. « Cela soutient de manière catégorique la stratégie que nous entreprenons », s'est félicité le secrétaire d'État à la Santé britannique Matt Hancock.
Dans sa dernière recommandation, la HAS préconise un délai de 9 à 12 semaines entre les deux doses. L'agence devrait rendre un prochain avis sur l’opportunité d’une vaccination à dose unique pour les personnes déjà infectées par le SARS-CoV-2.
L'étude d'Oxford ne va toutefois pas jusqu'à recommander une vaccination par dose unique en population générale : « Une seconde dose est recommandée : la durée de la protection avec une seule dose n'est pas suffisamment établie, en raison de la période de suivi encore trop courte », est-il expliqué.
Réduction de la transmission probable
Enfin, l’étude montre que le vaccin pourrait réduire la transmission du virus. Pour cela, les chercheurs ont récolté chaque semaine les prélèvements sur écouvillon des volontaires, qu'ils aient ou non des symptômes, afin d'évaluer l'effet du vaccin sur le risque d'infection.
Ainsi, les chercheurs ont observé qu'une dose unique de vaccin est associée à une diminution de 67 % des PCR positives, et, de 49,5 % en tout, après la seconde dose. « Si ces données suggèrent un impact significatif sur la transmission, la corrélation entre vaccin et protection n'est pas encore définie », lit-on. L'immunité humorale joue certainement, mais d'autres mécanismes immunologiques pourraient entrer en compte.
Cela n'a pas empêché le Pr Andrew Pollard de déclarer au micro de la « BBC » que le vaccin pourrait avoir un « impact énorme » en termes de transmission. Avant d’ajouter que les tests avaient été réalisés avant l’apparition des variants.
Au Royaume-Uni, qui déplore plus de 108 000 morts du Covid-19, près de 10 millions de personnes ont déjà reçu une première dose.
Prudence en Suisse et en Belgique
La Belgique a décidé de ne pas administrer le vaccin anti-Covid d'AstraZeneca aux personnes de plus de 55 ans, faute de données suffisantes sur l'efficacité pour cette tranche d'âge. Une décision « provisoire », a précisé le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke : « Il se peut que d'ici six ou huit semaines, on ait davantage de données, c'est bien possible que l'avis change. » Pour rappel, l'Agence européenne du médicament (EMA) a donné le feu vert au ChAdOx1 sans imposer de limite d'âge supérieure ; les autorités sanitaires d'Allemagne, de France ou encore de Suède ont fixé à 65 ans l'âge au-delà duquel il n'est pas conseillé. En revanche, la Suisse attend des études supplémentaires pour autoriser éventuellement le vaccin suédo-britannique : « Les données qui ont été soumises et étudiées à ce jour sont encore insuffisantes pour permettre l’octroi d’une autorisation. En effet, des données issues de nouvelles études sont requises pour évaluer plus avant la sécurité, l’efficacité et la qualité », écrit l'agence suisse du médicament Swissmedic dans un communiqué.
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