Des épidémiologistes du Karolinska Institutet à Stockholm publient dans « The New England Journal of Medicine » une preuve tangible que le vaccin HPV diminue le risque de cancer du col de l'utérus.
« C'est la première fois qu'à l'échelle d'une population, nous sommes capables de montrer que la vaccination HPV protège non seulement des modifications cellulaires qui peuvent être précurseurs de cancers cervicaux mais aussi des cancers invasifs, a déclaré Jiayao Lei, premier auteur de l'étude. C'est quelque chose que nous suspections depuis longtemps mais que nous sommes maintenant capables de montrer dans une large étude nationale reliant la vaccination HPV et le développement d'un cancer du col de l'utérus au niveau individuel ».
Dans cette étude menée pendant 11 ans — de la date de mise à disposition du vaccin en 2006 jusqu'en 2017 — ont été incluses près de 1,7 million de femmes âgées de 10 à 30 ans. Parmi elles, plus de 500 000 ont été vaccinées contre le HPV, la majorité avant l'âge de 17 ans. Au total, 19 femmes ont eu un cancer du col par rapport à 538 dans le groupe non vacciné, ce qui correspond respectivement à des taux de 47 et 94 pour 100 000.
Après ajustement sur de nombreuses co-variables (âge, année calendaire, lieu de résidence, caractéristiques parentales telles que le degré d'études, le niveau socio-économique, le pays de naissance maternel et les antécédents maternels), la vaccination est associée à un risque significativement diminué de cancer cervical.
De plus, les chercheurs ont observé que les filles vaccinées avant l'âge de 17 ans présentent un risque diminué de 88 %, tandis que les femmes âgées de 17 à 30 ans ont un risque diminué de moitié par rapport à celles non vaccinées.
« Les filles vaccinées à un âge jeune semblent davantage protégées, probablement parce qu'elles sont moins exposées à l'infection HPV, sachant que le vaccin n'a aucun effet thérapeutique contre une infection pré-existante », a expliqué Pär Sparén, auteur sénior.
En France, le vaccin HPV est recommandé chez les filles de 11 à 14 ans (schéma à deux doses) avec un rattrapage possible de 15 à 19 ans (schéma à trois doses), ainsi que chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à l'âge de 26 ans révolus. La Haute Autorité de santé depuis fin 2019 recommande un élargissement de la vaccination à tous les garçons.
J Lei et al. N Engl J Med, 2020. doi:10.1056/NEJMoa1917338
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