L'annonce est tombée le 4 février : l'île de Mayotte est strictement confinée pour une période d'au moins trois semaines, avec fermeture des écoles, a annoncé le Premier ministre Jean Castex en conférence de presse. Cette décision a été prise au regard de la situation épidémiologique préoccupante. Depuis le début de l'année, l'île de Mayotte fait face à une flambée de l'épidémie de Covid-19, coïncidant avec l'arrivée en force du variant sud-africain. Le taux d'incidence est ainsi de 440 cas pour 100 000 habitants par jour à la date du 4 février. Au cours de la semaine du 26 janvier au 1er février, ont été dénombrées 79 nouvelles hospitalisations, dont 12 en réanimation et 63 décès.
Pour la directrice de l'ARS Mayotte, Dominique Voynet, le rebond de l'épidémie était prévisible avec le retour des vacanciers de l'hiver austral de destinations comme Dubaï ou Nairobi. Toutefois, les nouveaux variants ont accéléré le processus. « On a commencé par avoir 5 ou 6 variants sur 25 prélèvements, explique-t-elle au « Quotidien ». On considère maintenant que le virus qui circule le plus à Mayotte est le variant sud-africain. On a détecté un cas d'infection par le variant anglais qui revenait de Dubaï. On sait aussi que des variants brésiliens circulent à la Réunion. »
Diffusion sur tout le territoire
Mayotte, qui dépend de la métropole pour effectuer des séquençages, ne peut pas suivre au jour le jour l'évolution du pourcentage des nouveaux variants. Du reste, l'épidémie progresse trop vite pour être suivie : « en quelques semaines, on a vu une diffusion géographique de l'épidémie sur tout le territoire de Mayotte, poursuit Dominique Voynet. On est sans doute autour de plus de 600/100 000 par semaine actuellement avec plus de 20 % de tests positifs. »
Les clusters étant de plus en plus nombreux, le suivi est compliqué. « Nous sommes prévenus par des chefs d'entreprise ou par des maires, poursuit Dominique Voynet. On vérifie l'existence du cluster mais nous n'avons pas les moyens de les investiguer. »
Le service de santé des armées à la rescousse
Le centre hospitalier de Mayotte (CHM) est surchargé, mais parvient encore à faire face, comme l'explique Dominique Voynet. « Le CHM est surchargé toute l'année, mais on a eu un afflux de patients Covid en quelques jours, détaille Dominique Voynet. Nous avons dû hospitaliser certains d'entre eux dans la maternité et dans les couloirs des urgences. Ce qui nous aide en ce moment, c'est que nous n'avons pas d’épidémie de dengue ou de bronchiolite. Nous avons aussi moins d'infarctus et d'AVC qu'en temps normal. » Le 6 février, le service de santé des armées doit arriver à Mayotte avec 5 lits de réanimation supplémentaires.
Comparé à ce qui s'est passé lors de la première vague au printemps 2020, « on a l'impression qu'il y a plus d'hospitalisations sévères, le pourcentage de femmes est plus élevé et on a observé quelques décès chez des patients jeunes sans comorbidités », explique Dominique Voynet. Il est toutefois impossible à ce stade de savoir si ces observations s'expliquent par une plus grande virulence de la souche sud-africaine ou par un biais de recrutement : seulement 4 % de la population de Mayotte a plus de 60 ans. « Compte tenu du nombre de contaminations, on a un nombre d'hospitalisations qui reste contenu », conclut la présidente de l'ARS.
La Réunion sous surveillance
À la Réunion aussi, la surveillance est de mise. Ce mercredi 2 février, l'ARS a révélé qu'un premier cas d'infection par le variant anglais du SARS-CoV-2 avait été confirmé dans l'île. S’agissant du variant 501Y.V2 sud-africain, neuf cas ont été documentés à la Réunion, dont un patient décédé. Les premiers étaient des cas importés des Comores, à la suite d'une évacuation sanitaire confirmée le 7 janvier.
L'ARS a depuis demandé le séquençage systématique de la totalité des prélèvements déjà effectués et conservés dans les laboratoires, correspondant aux 35 patients infectés provenant de Mayotte. Toutes les personnes ayant voyagé à Mayotte, aux Comores et au Mozambique au cours des 14 jours derniers jours sont tenues d’effectuer un test RT-PCR.
La situation générale de l'épidémie est de plus en plus préoccupante. Entre le 30 janvier et le 1er février, 198 nouveaux cas, dont 150 autochtones, ont été confirmés, soit 66 cas par jour en moyenne. Le taux d’incidence est de 37,6/100 000 habitants, un taux certes encore inférieur au seuil national d’alerte de 50/100 000, mais en constante augmentation, ce qui fait craindre aux autorités un rebond de l'épidémie. À titre de comparaison, la France métropole avait, au 29 janvier 2021, un taux d'incidence de 241,2 sur 100 000 habitants. Autre point d'inquiétude : la très forte augmentation de l'incidence chez les 15-24 ans (138/100 000) et les 25-34 ans (80/100 000).
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