Deux études, publiées ce lundi dans la revue « Nature Medicine » pour l’une, dans la revue « Science » pour l’autre, suscitent des espoirs quant à la mise en place d’un vaccin antigrippal universel. Les deux équipes déclarent avoir apporté la preuve de concept de l’efficacité de leurs vaccins candidats sur différents modèles animaux, des souris, des furets et des singes.
Cibler la tige plutôt que la tête
Les chercheurs ont concentré leurs recherches sur la principale cible des anticorps à la surface du virus : l’hémagglutinine (HA). Mais plutôt que de cibler la tête, en constante mutation, les deux équipes ont ciblé la tige de l’HA – région bien plus conservée.
En effet, les vaccins traditionnels contre la grippe ciblent la tête de l’HA, et doivent donc être adaptés chaque année en fonction des souches circulantes.
Le développement d’un vaccin protégeant contre un large spectre de virus grippaux permettrait de pallier les problèmes d’inefficacité de certains vaccins saisonniers. Rappelons que, l’hiver dernier, l’efficacité du vaccin contre la grippe saisonnière s’est avérée très modeste (de l’ordre de 23 % selon l’OMS, 18 % selon les CDC américains) parce que la principale souche circulante, H3N2, différait de la souche contenue dans le vaccin 2014-15.
Côté paillasse
Dans l’étude de « Nature », les chercheurs des National Institutes of Health (NIH) américains ont lié un morceau de la tige de l’HA d’un virus A (H1N1) à des nanoparticules permettant de le maintenir intacte et le rendant plus facilement reconnaissable par le système immunitaire. Ils indiquent avoir réussi à immuniser les souris et les furets contre différentes souches, notamment contre des doses habituellement létales de virus A (H5N1). Bien que la vaccination n’ait pas réussi à neutraliser complètement le virus H5N1, elle a protégé complètement les souris, et partiellement (60 %) les furets.
Dans l’étude parue dans « Science », les chercheurs du Crucell Vaccine Institute – filiale de Johnson et Johnson aux Pays-Bas – ont également synthétisé un vaccin candidat à partir d’une tige décapitée de l’HA, baptisé « mini-HA ». Chez des souris, leur vaccin a conféré une protection complète contre la souche H1N1 et H5N1 du virus de la grippe. Chez le singe, l’immunisation a permis de faire baisser la fièvre suite à une exposition au virus H1N1.
Réactions favorables mais prudentes
« C’est un développement passionnant » a confié à l’AFP Sarah Gilbert, professeur de vaccinologie à l’Université d’Oxford, en Grande-Bretagne, et qui n’a pas participé aux études. « Mais les nouveaux vaccins devront encore faire l’objet d’essais cliniques pour voir comment ils fonctionnent chez les humains (...) ce qui risque de prendre plusieurs années », a-t-elle ajouté.
Le Pr Bruno Lina, directeur du Centre français de référence sur la grippe, a également salué ces travaux, tout en précisant à l’AFP que les souris ont une réponse immunitaire très différente de celle des humains et qu’ « on ne peut pas affirmer qu’on sera en mesure de fabriquer rapidement un vaccin protégeant l’homme ».
Notons cependant que, début août, un autre candidat vaccin universel contre la grippe, le M-001 (développé par la société BiondVax) a significativement renforcé l’immunité contre la souche A (H3N2) dans un essai clinique de phase II portant sur 120 personnes.
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