Les prélèvements et greffes d’organes sont en baisse en 2018, alerte l’Agence de la biomédecine dans son bilan d’activité publié le 11 janvier. Après huit années de hausse, 5 781 greffes ont été réalisées en 2018 (tous organes confondus), soit 324 greffes de moins qu’en 2017 (- 5 % environ). Les greffes à partir de donneurs vivants sont particulièrement impactées : 551 ont été effectuées en 2018, contre 629 en 2017, soit un déclin de 12 %.
« Les premiers mois de 2018, et l’épidémie de grippe qui a accaparé les hospitaliers, laissaient présager une baisse plus importante, mais la forte mobilisation des équipes médicales a permis de limiter ce recul », nuance le Pr Olivier Bastien, directeur du prélèvement et des greffes d'organes et de tissus au sein de l’Agence de la biomédecine. Les effets de cette mobilisation se sont particulièrement fait sentir dans les DOM. « En Guadeloupe et à la Réunion, par exemple, où, pour des raisons génétiques, l’insuffisance rénale est deux fois plus importante qu’en Métropole, une population sensibilisée aux dons et une mobilisation des professionnels ont abouti à des résultats exceptionnels, souligne le Pr Bastien. À la Réunion, alors que le nombre de greffes n’a jamais dépassé 30 par an, 73 ont été réalisées l’an dernier. »
Les greffes dites « Maastricht III » en hausse de 20 %
Reste que les résultats sur l’ensemble du territoire suscitent l’inquiétude de l’Agence de la biomédecine. Pour le Pr Bastien, plusieurs facteurs se sont conjugués pour aboutir à cette baisse. Une diminution des accidents de la route d’abord, suivie d’une diminution de 15 % de la mortalité liée aux accidents vasculaires. Mais aussi un recours aux greffes dites « Maastricht III » (par donneurs décédés des suites d’un arrêt cardiaque après une limitation ou un arrêt des thérapeutiques) « qui ne fonctionne pas encore à plein », poursuit le Pr Bastien qui rappelle par ailleurs que le taux d’opposition au don est en recul de 3 % par rapport à 2016 pour atteindre 30 %.
Si les greffes réalisées par un don de type « Maastricht III » ont progressé de plus de 20 % pour atteindre 281 greffes en 2018 (contre 234 en 2017), « seule la moitié des CHU est impliquée actuellement dans ce type de protocole », rappelle le Pr Bastien. Cette possibilité ouverte par la Loi Claeys-Leonetti en 2014 n’est pas encore complètement intégrée dans les pratiques : « Il faut encore que les équipes s’approprient cette source de dons », poursuit le Professeur. Pour inverser la tendance, le Pr Bastien prône également le maintien du don et de la greffe comme priorité nationale et appelle à la mobilisation de l’ensemble de professionnels. « Dans cette chaîne, tous les acteurs doivent se mobiliser à tous les niveaux : si un maillon lâche, c’est l’ensemble qui est impacté », souligne le professeur.
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